Laurence Giordano, Marie Bryck et ses frères. Une histoire de survie et de destin dans la France du choléra, Payot, 2020.
Cette lecture s’inscrit évidemment à la suite de celle du Hussard sur le toit !
Ici, c’est un livre d’histoire, le suivi d’une petite vie. Une famille, venue de Moselle pour s’installer à Paris. Famille modeste, petits métiers comme il y en a tant. L’épidémie de choléra de 1849 (pas celle du Hussard donc) fait des ravages et les trois enfants sont orphelins. Giordano suit leur destin, au travers des dossiers d’archives, pris en charge par les institutions caritatives du temps. C’est l’époque où les enfants sont placés très tôt en apprentissage, travaillent aussi durement, où le moindre écart est sanctionné par plusieurs années d’enfermement (début des colonies agricoles pour les garçons mineurs, les maisons de correction, la prison pour femmes de Saint-Lazare). Les édiles sont effrayés devant ces centaines d’orphelins livrés à eux-mêmes, tout en restant bienveillants et paternalistes et en veillant à ne pas être trop sévères selon leurs propres critères (pour nous c’est effarant).
Il s’agit pour les autorités d’extraire « les enfants des rues » dans le but de les « redresser » afin de garantir l’ordre social. Sous le Second Empire, jamais autant de mineurs – 9 896 en 1857 – n’ont été enfermés.
Le livre est d’une écriture totalement plate, mais Giordano parvient à nourrir son propos d’une multitude de petits faits : analyse des documents bien sûr, cadastre qui permet de reconstituer les bâtiments de l’époque, nourriture, modes de vie, métiers disparus, sociabilités diverses, hypothèses… Tout cela est extrêmement concret et c’est ce qui rend le livre très intéressant. Les plus modestes sont ici sous nos yeux.
Je suis frappée par le caractère quotidien et ordinaire des drames qui sont vécus : mort précoce des adultes, absence de Sécurité sociale et de prise en charge médicale, pas de vaccins, pas d’antibiotiques, pas de retraite, enfermement rapide des pauvres, jeunes ou vieux, conditions de vie indignes… C’était il n’y a pas si longtemps. Avec tout ça, ils sont plusieurs à réussir à surmonter les difficultés, à trouver leur place et à fonder une famille. C’est assez émouvant à constater.
En juin 1849, l’épidémie poursuit son avancée. Le défilé des charrois qui transportent les corps amoncelés sème la terreur et la désolation dans les rues de Paris ; les cimetières sont encombrés. Chaque jour, une connaissance du quartier disparaît. Le 4 juin, le garçon boucher de la rue Saint-Sébastien, Nicolas Duclos, veuf depuis le décès de sa femme en 1841, et qui élève seul ses deux fils Alfred et Auguste, âgés de huit et douze ans, rend son dernier soupir. Puis, le 5 juin, le charbonnier de la rue d’Antin, Michel Barthomeuf, succombe à son tour.
Une autrice.
L. Frederic, Les marchands de craie. Le matin, 1882, Musées royaux Bruxelles |
Ah ce n'est pas un roman, ça m'a l'air intéressant!
RépondreSupprimerTout est vrai et très instructif !
Supprimerle sujet est intéressant mais un peu de peps dans le récit n'aurait peut être pas été de trop non ?
RépondreSupprimerCe n'est pas tant la structure du récit que la langue qui est d'une platitude... heureusement que c'est très intéressant.
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