La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 3 juin 2021

Il y a aussi l’histoire de l’ouvrier sur le toit qui est tombé directement dans la machine.

 Guy Delisle, Chroniques de jeunesse, 2021, Delcourt.

 

Un album où Delisle raconte quelques étés de sa jeunesse, ceux passés à travailler dans une usine à papier de Québec, pour pouvoir financer ses études. Les machines, les ouvriers, les horaires, les gestes du métier, la sociabilité (ou pas) entre collègues… Une culture bien différente de celle d’un blanc-bec des années 80. Ici, les combats ouvriers (pour la sécurité, pour avoir des consignes en français) sont encore vivaces. Ici, ne travaillent que des hommes. Ici, on évite d’être différent. Une plongée dans le monde de l’usine et c’est assez intéressant, même si le ton est très sobre et distancié. 

J’aime bien tout ce qui concerne les gestes techniques, professionnels, qui s’apprivoisent, s’apprennent, se transmettent, mais qui ne laissent pas forcément de traces (ah ! ce tuyau rangé comme un lasso). J’aime aussi les portraits d’ouvriers. Quiconque a déjà mis les pieds dans une usine sait que l’on y croise des personnages, des façons de parler, des façons de se tenir, qu’on ne voit pas forcément ailleurs. Il y a quelques figures qui se démarquent, comme celle de Marc qui fait de la muscu.

En parallèle, Delisle raconte comment il dévalise la bibliothèque du quartier pour découvrir les auteurs qui seront autant de modèles pour lui (et à qui son style d’amibe ne rend pas vraiment hommage). À l’arrière-plan il y a la relation avec son père, surtout faite de silence et de solitude.

C’est intéressant, sans être totalement palpitant non plus. C’est peut-être trop distancié et d’un ton trop uniforme. Les moments se succèdent sans réelle articulation ni construction. On devine que le personnage ne souhaite pas s’impliquer dans ce qui n’est pour lui qu’un travail d’été, en dépit de la sympathie qui peut le pousser vers tel ou tel.

L’album est en gris, avec des taches orange qui se baladent.



Merci Estelle pour la lecture !

L’avis de Jérôme assez mitigé et l’avis de Karine qui a davantage apprécié. 


Guy Delisle sur le blog :

Pyongyang
Chroniques birmanes

 

6 commentaires:

  1. j'ai bien aimé (non, pas de billet), d'abord c'est Delisle!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne suis pas si enthousiaste même si j'ai plutôt aimé.

      Supprimer
  2. Je lis très peu de B m'as j aime bien cet auteur

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai bien aimé celui en Corée du Nord, la Birmanie aussi, mais je ne suis pas à l'aise avec son ton, un peu monocorde pour moi.

      Supprimer
  3. J'avais beaucoup aimé ses CHroniques birmanes, moins les suivants. Ce que tu dis de celui-ci (distance) est exactement ce que je reproche, dans une moindre mesure j'ai l'impression, aux autres que j'ai pu lire. Donc je passe sur celui-ci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je l'ai lu parce qu'on me l'a offert, mais je partage ton avis.

      Supprimer

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).