La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 4 novembre 2022

je t’attendais toi la vie réelle

Jean-Pierre Siméon, sans titre, recueil Le Bois de hêtres, 1998.



Il y avait si proches ces coups redoublés,

partout sous nos fenêtres

l’empreinte de corps

qui avaient épuisé leur lumière,

la trace du soleil sur le sang,

les formes sèches de la mort

et la douceur inquiétante du soir.

Il y avait l’homme et son geste si prompt à se dissoudre,

l’usure du ciel

comme d’un seuil brûlé par les pas,

l’impatience d’aimer dans le vaste souci du monde,

l’érosion du sourire,

le jeu brutal des ombres dans nos mains

et toujours la douceur inquiétante du soir.

Chaque jour tombait comme une averse drue

et nous courbions le dos

ainsi que font les branches quand

le ciel descend avec l’orage contempler leur défaite.

Mais il y avait dans l’air cette saveur d’enfance

qui ouvrait les lèvres

et nous nous embrassions

pour éprouver nos vies, notre force et l’oubli

dans la douceur inquiétante du soir.

 


Deux poèmes pour tenir jusqu'à mon retour (et deux photos prises à Vancouver).

2 commentaires:

Dominique a dit…

tu nous laisses en belle compagnie voilà un poète que j'aime bien

Nathalie a dit…

Un des rares poètes contemporains que je connais.