La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 11 novembre 2022

Le temps n’est pas la rivière qui s’étire

 

Jean-Pierre Siméon, sans titre, recueil Le Bois de hêtres, 1998.


Mais c’est à peine si j’ose

poser le pied devant ma porte au matin.

Je vais m’épuiser dans la distance

avant d’atteindre un abîme ou un ami,

là où il serait bon enfin

d’avoir des yeux

et le courage de sortir de sa peau.

C’est à peine 

si j’ose pousser la porte dans la lumière bleue,

dire le poème qui tremble

puisque ce qui ne m’appartient pas m’attend

et me demande sans retour

d’être un visage pour sa souffrance.

Aller, qui oserait ?

quand il s’agit d’habiter les foules

sans rien troubler de leur négoce avec la douleur

et qu’on ne peut offrir

dans la tiédeur des paumes

que l’eau gelée du chant.



Deux poèmes en attendant mon retour (et deux photos prises à Vancouver).



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