La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 17 décembre 2022

Adoration des bergers


Nous sommes dans une série Vie de Jésus, l’enfance. Aujourd’hui, les premières heures avec l’Adoration des bergers.

L’Adoration des bergers est un épisode relaté dans l’Évangile de Luc. Les bergers passent la nuit la plus longue de l’année dehors, avec leurs bêtes, près de Bethléem. Ils sont informés par un ange de la venue d’un Sauveur. Ils se rendent au lieu de sa naissance pour se prosterner devant lui. Cet épisode précède immédiatement l’Adoration des mages, mais les deux moments sont parallèles, montrant comment aussi bien les humbles que les puissants rendent hommage au dieu qui s’est incarné dans un petit bébé. 


Je commence par ce panneau de Barnaba da Modena (14e siècle, Brera). Et si vous regardez bien, vous verrez qu'il ne s'agit pas de l'Adoration, mais de l'Annonce aux bergers ! Ils sont à l'arrière-plan, en train de marcher sous la conduite des anges. Ils se dirigent vers le premier plan, à savoir la scène de la Nativité. Les petits moutons avec leur jolie laine sont déjà arrivés. J'aime bien le visage (il faut l'appeler ainsi) du boeuf et de l'âne et le splendide manteau de bleu et d'or de la Vierge.


(image Wikipedia) Peinture de Domenico Ghirlandaio, retable pour la Chapelle Sasseti (Florence, 1485). Les bergers sont à droite, vêtus sobrement et l'un d'eux désigne l'enfant. Cette peinture est remarquable par son décor de ruines (elle est analysée par Alain Schnapp dans son Histoire universelle des ruines). L'auge est devenue un sarcophage romain. Le bâtiment mêle le frêle toit de chaume, rappelant lointainement l'étable, et les solides piliers à chapiteaux corinthiens, magnifiant l'événement. L'ancien monde, celui du paganisme romain, soutient le nouveau, celui de Jésus. Et le christianisme s'installe dans les ruines de l'empire disparu. Et à l'arrière-plan ? Une foule, avec de riches hommes en turban, s'engage sous un arc de Triomphe. Elle arrive de la ville que l'on aperçoit au fond.

Schnapp souligne que l'oeuvre s'adresse à un public lettré. Le sarcophage et l'arc de Triomphe portent tous deux des inscriptions latines, qui sont bien visibles. La précision des détails archéologiques contribuent à ancrer ce moment dans une perspective historique, presque familière. Nous ne sommes pas dans le rêve. Le temps présent et le temps passé, le temps du christianisme et le temps de l'empire romain, se mêlent et sont réconciliés dans un paysage d'une grande unité.


Le tableau de Luca Cambiaso (1552, Brera). En réalité, il y a un seul berger, à droite, qui porte un agneau (animal symbole de la Passion). Un.e ange surplombe la scène. Comme souvent, Jésus est la source de lumière et un flot doré irradie tout le tableau. Le traitement de l'enfant est naturaliste, mais la lumière est réellement surnaturelle. Dans ce clair-obscur, le coloris est superbe (vous avez vu la robe de la Vierge ?).


L'un des portails de la Sagrada familia de Barcelone. Il s'agit du portail de la Nativité. On y voit au centre Marie et Joseph qui présentent Jésus au monde. Tout un peuple est autour d'eux : de nombreux anges musiciens, les mages qui sont à gauche sur la photo et à droite les bergers qui apportent les fruits de la terre : un agneau porté sur les épaules, des paniers de fruits et d'offrandes. Ils portent le costume simple des bergers catalans.
Le détail des anges musiciens.

Et ceci ? C'est ma crèche !!! Oui, parce que le portail de la Sagrada représente ni plus ni moins que ce que nous avons presque tous dans nos maisons : une crèche. Vous voyez ici le berger, deux moutons et une chèvre. Avez-vous noté que dorénavant on trouve de plus en plus de santons avec des animaux (par exemple, j'ai une pintade) ? Cela me semble répondre à une stratégie commerciale bien rodée : les santons des animaux sont plus petits et moins chers, et donc plus facilement achetables que les figures humaines, et ils plaisent particulièrement aux enfants.

La semaine dernière : le début de l'enfance de Jésus.
La prochaine fois (à une date pas encore fixée) : l'Adoration des mages.

Le programme des jours à venir sera perturbé par la traditionnelle "fin d'année". Des billets paraîtront mais je ne sais pas encore trop lesquels et quand.

 


9 commentaires:

  1. Réponses
    1. La suite viendra le mardi ou mercredi d'après Noël.

      Supprimer
  2. avec l'annonce ces tableaux là font partie de mes préférés

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui le bébé, les animaux, ce sont souvent des tableaux touchants.

      Supprimer
  3. Toujours aussi intéressants tes articles. la peinture de Cambiaso est splendide. J'adore les santons. Je me souviens de notre séjour à Naples, réputé pour ses crèches et son musée du santon ( c'est pourquoi je voudrais y retourner un mois de décembre :))

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah oui il faut y aller en ce moment ! Les rues entières dédiées à la fabrication des crèches, santons, habitations, système électrique, c'était extraordinaire.
      Ici on a des santonniers, je m'en achète un presque tous les ans. Cette année, une bonne soeur, une mère supérieure dans le vent, avec un petit chien.

      Supprimer
  4. Luca Cambiosa me fait penser à De La tour : Le nouveau-né, là aussi une lueur surnaturelle émane de l'enfant.

    RépondreSupprimer
  5. Y-a-t- il toujours le marché aux santons sur la Canebière ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui mais il est sur le Vieux port maintenant. Et je me suis acheté un santon.

      Supprimer

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).