L'Adoration des mages

 Une série sur l’enfance de Jésus. Aujourd’hui, l’Adoration des mages.

Normalement, elle a lieu le 6 janvier (vous savez, la galette) (en Espagne, le jour des cadeaux). Matthieu raconte que des mages (= des astronomes) recherchent un nouveau-né dont l’étoile leur a annoncé la naissance. Comme les rois mages en Galilée suivaient l’étoile du berger, je te suivrai, là où tu iras j’irai… Ils se rendent auprès de Jésus à qui ils offrent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Matthieu ne précise rien sur les fameux mages (même pas leur nombre). Ils sont mages, c'est-à-dire dotés d'un savoir mystérieux. La postérité les a faits rois... de quoi ? L'essentiel est que des hommes puissants s'inclinent devant le petit enfant dans lequel une divinité s'est incarnée. Les siècles postérieurs ont fixé leur nombre à 3, leur ont donné pour nom Melchior, Gaspard et Balthazar et les ont dotés d’une couleur de peau. Ils symbolisent ainsi toutes les terres connues (et donc l’universalité du christianisme), mais aussi les âges de la vie. Maintenant, ils ont même des reliques que l’on peut vénérer (comme vous le savez si vous avez lu Katarina, le paon et le jésuite). Évidemment (évidemment), l’Asie symbolise les civilisations anciennes et la sagesse et le mage noir la jeunesse et le mage blanc et européen la maturité raisonnable entre les deux. Les rois mages sont eux aussi les héros de quelques romans et légendes (listés par Wikipedia).

L'Adoration des mages constitue une variation sur la scène de la Nativité. L’Adoration des bergers en constitue le parallèle populaire. Le thème a été abondamment représenté. Pour les peintres, il est propice à toutes les débauches de chevaux, chameaux, éléphants, anges, objets et costumes rares et précieux.

L'Adoration des mages de Gentile da Fabriano (1423, Offices) (image Wikipedia). Difficile de résister à ces grandes machines italiennes. Tout en haut, à l'arrière-plan, on voit le cortège des mages. Au premier plan, le cortège est arrivé. On voit la Sainte Famille et les trois mages (dont aucun n'est noir ! et oui le mouvement n'est pas linéaire), dont le plus âgé est agenouillé, couronne à terre. Leur costume est luxueux : brocard doré, bas rouges pour le plus jeune, éperons d'or, chevaux richement harnachés, chien de chasse et une foule composite à l'arrière-plan. L'image est luxueuse (il y a même une tête de chameau et un petit singe).

Incontournable pour tous les épisodes de la vie de Jésus : les fresques de Vic ! On voit les trois mages à cheval, mais il n'y en a plus que deux qui sont agenouillés. Comme le remarque Wikipedia, Jésus n'est "plus tout bébé", c'est déjà un petit garçon. La réussite, ce sont évidemment les chevaux, strictement parallèles, en dégradé de couleur, jambe levée, très élégants.

(image Wikipedia) L'Adoration des mages dans un paysage d'hiver de Pieter Brueghel l'Ancien (1563, Winterthour). Nous retrouvons le village des Flandres du dénombrement, qui sert de cadre à plusieurs peintures. Ici la neige tombe à gros flocons et brouille l'image. Nous distinguons des voyageurs et animaux lourdement bâtés. Devant, à gauche, sous la cabane, des gens s'agenouillent. Rien de glorieux ici, une scène humble et discrète, qui pourtant anime la campagne d'hiver.

Ils sont beaux, hein ? Rois mages allemands en bois peint (XVe siècle, Cloisters NY). Ce sont de grandes statues qui devaient encadrer les personnages de la Sainte Famille. Vous voyez le vieux rois agenouillé et deux plus jeunes. L'un en costume noble, grand et lourd manteau, bas rouges, s'apprête à ôter sa couronne (j'aime bien les cheveux bouclés). L'autre, très élégant avec les jambes croisés et le vêtement court, très dandy, les bottines, il porte du rose.

Lors de mon billet sur le British Museum, j'avais déjà montré ce coffret (os de baleine, Angleterre, VIIe siècle) qui mêle des scènes chrétiennes à des moments de la mythologie romaine, de l'histoire romaine ou de la mythologie germanique. À droite, une Adoration des mages. La Vierge se définit par des traits concentriques qui tracent le visage, les bras, la robe. Les mages barbus apportent leurs présents. Un dessin très stylisé mais bien lisible.

Une grande tapisserie en laine et soie, un dessin d'Edward Burne-Jones, une réalisation de John Dearle, pour l'atelier de William Morris (1886, Orsay) (actuellement exposée à La Piscine de Roubaix). Dans une grande prairie fleurie, mais devant une sombre forêt, Marie et l'enfant se tiennent sous un toit de chaume. Devant, l'ange avec l'étoile qui a guidé les mages et lesdits mages avec leur riche costume. J'aime les auréoles délicatement perlées et les fleurs et tous les détails : la grande épée, la couronne déjà à terre, les perles sur le costume de l'ange, les belles broderies et le minuscule bébé Jésus. Une atmosphère mystérieuse et poétique.

Et la crèche ? À gauche, une crèche des années 70 où le roi noir est... à moitié nu et vêtu d'une peau de bête. À droite, ma crèche, un peu plus civilisée, heureusement.

Voilà. Ces oeuvres d'art vous feront arriver doucement à la fin de l'année.

L'Enfance de Jésus : le début de la série ; Adoration des bergers