La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 7 mars 2023

Chaque année apporte davantage de croissance et de beauté.

 

Karel Čapek, L’Année du jardinier, traduit du tchèque par Joseph Gagnaire, illustrations de Josef Čapek, parution originale 1929.

 

Ce n’est ni un almanach ni un joli livre poétique sur l’art du jardin ni un recueil d’observations ou de conseils. C’est la vie du jardinier tout au long de l’année racontée avec beaucoup d’humour et de mauvaise foi.


La température n’est jamais conforme à la normale séculaire ; elle la dépasse toujours de 5 degrés à moins qu’elle ne lui soit inférieure d’autant.


Aucun mois n’est bon pour se reposer. Tailler, transplanter, arroser, étudier la météo, se vanter auprès des voisins, commander des plantes, biner et on recommence, entre les plantes qui s’étiolent et celles qui prennent toute la place, entre celles dont on rêve et celles que l’on possède… Cela n’empêche pas certaines notations très fines (avez-vous déjà vu ces plantes qui sortent de terre en poussant la graine au-dessus de leur tête ?). Il y a de très bonnes pages sur les cactus et sur le mois de septembre, le mois de la seconde floraison. Je note les énumérations interminables de toutes les fleurs, de leurs couleurs et de leurs formes, et des feuillages, et de la variété des tiges. Une diversité de mots qui reflète à peine la diversité infinie des fleurs des jardins.

 

La préparation de la terre à semences est un grand mystère et comporte des cérémonies magiques. Il faut y mêler de la poussière de marbre (mais où la prendre ?), de la bouse de vache de trois ans (ici, on se demande si cette indication d’âge se rapporte à la vache ou à la bouse), une pincée de terre de taupinière fraîche, etc.

 

La terre de jardin ou de culture, appelée aussi humus ou terre meuble, se compose d’une manière générale de certains ingrédients qui sont : la terre, le fumier, les feuilles pourries, la tourbe, les pierres, les tessons de verres à bière, les plats cassés, les clous, les fils de fer, les os, les flèches hussites, le papier d’étain des tablettes de chocolat, etc.

 

Inutile de dire que mon propre jardin a peu à voir avec celui qui est évoqué ici. J’ai emménagé il y a un peu plus d’un an alors j’ai surtout fait des travaux C’est un petit jardin de ville, avec pas mal d’ombre et de béton. C’est un jardin marseillais : pas de pluie pendant 3 mois, puis 10 centimètres d’eau en 24 heures, de la chaleur et du sec. Ici les cactus font des fleurs à tour de bras si je peux dire. Mon travail de jardinière consiste principalement à nourrir les tourterelles, les pies, les petits oiseaux, à empêcher les chats de faire leurs besoins dans les plantes, à ménager des cabanes pour les escargots et les lézards. Pour les fleurs, il faudra encore attendre quelques années.


Et puis, il y a les feuilles encore ; les feuilles d’automne, jaunes et pourpres, roussâtres, orangées, rouges comme des piments, sombres comme du sang ; et les baies rouges, orangées, noires, givrées de bleu et le bois jaune, rougi et clair, des branches nues ; nous n’avons pas encore fini.

 


Un livre chaudement recommandé par Keisha.

Je garde un mauvais souvenir de La Guerre des salamandres, mais Passage à l’Est m’a fait remarquer que mon billet n’est pas si négatif. En réalité, c’est vraiment pas bon et dépourvu de littérature. Na.

 

C’est avec ce billet que j’inaugure le mois de mars à l’Est organisé par Eva et Patrice !






 

11 commentaires:

keisha a dit…

Tu n'as pas aimé La guerre des salamandres?^_^
En tout cas cette année du jardinier est un petit bonbon, non?

je lis je blogue a dit…

J'ai repéré cet auteur aussi pour ce mois de l'Europe de l'Est. Si j'avance assez vite dans mes lectures, je lirais peut-être celui-ci

nathalie a dit…

Les salamandres, c'est très didactique et prévisible et lourd.
Celui-ci, oui, est bien mignon et m'a fait rire !

nathalie a dit…

Je l'ai lu tout au long de l'année, au fil des mois.

keisha a dit…

De mémoire, le début est pas mal, ensuite oui c'est moins fin.
De l'auteur tu as aussi un voyage vers le nord, très douzième degré.

Ingannmic, a dit…

Je l'avais noté, sur quelque conseil, mais le sujet ne me tente pas vraiment...

nathalie a dit…

Je crois pas que ce soit ton truc, le jardinage.

Passage à l'Est! a dit…

J'ai l'impression qu'avec son ton et ses dessins ce livre se rapproche de Lettres d'Angleterre (le seul que j'ai lu et que cite donc à chaque fois qu'on parle Čapek) plutôt que de cette fameuse Guerre que je finirai bien par lire.

nathalie a dit…

Je ne connais pas mais le sujet British semble se prêter à ce type d'humour, oui.

Patrice a dit…

Quel bonheur de voir ce livre chroniqué durant le mois de mars ; je l'avais beaucoup apprécié à l'époque. Comme tu dis, c'est plein d'humour et de mauvaises fois et les illustrations sont un régal ! Merci pour ta participation !

nathalie a dit…

C'est un peu British et un peu Mark Twain au jardin, et quand on a soi-même un jardin, forcément c'est bien vu.