La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 19 septembre 2023

Je veux cette femme. Ce visage me hante depuis des siècles.

 


Philippe Druillet, Salammbô, d’après Gustave Flaubert, paru originellement dans Métal hurlant, édité par Glénat, 1980.

Lettrage de Dom. Couleurs d’Anne Delobel et de Philippe Druillet.

 

Un prologue. Un homme dans son vaisseau spatial voit apparaître sur son écran un monde fantastique et une femme – Salammbô. Envouté, il descend sur cette planète et devient dès lors Mâtho. Ensuite, se déroule le texte de Flaubert, raccourci, mais presque sans transformation. Les éléphants ont fait place à des créatures fantastiques. Les hommes sont des créatures étranges. Il est toujours question de la cruauté des Barbares et des Carthaginois.

Ayant découvert il y a peu de temps cette adaptation SF du roman de Flaubert, j’étais curieuse de la lire en entier.

En préambule, deux points problématiques. Le premier, j’ai eu la chance de voir exposées les planches en noir et blanc et elles sont bien plus réussies que cet album coloré. Le dessin était mis en valeur, plus lisible, plus sobre. Après, c’est une époque. Ensuite, la graphie. Cette écriture en majuscules est difficile à lire et m’a complètement lassée. J’ose espérer qu’un éditeur d’aujourd’hui ne laisserait pas passer cela (j’en doute mais bon).


Cet album est incroyablement fidèle au texte de Flaubert, à son esprit, à son atmosphère. Incroyablement fidèle aussi bien dans ses qualités que dans ses défauts et c’est là tout le paradoxe. J’ai rapidement retrouvé mon dégoût devant les scènes de bataille, de cruauté, de martyre. Et pourtant les grandes planches rendent merveilleusement bien les longues descriptions d’armes exotiques et de costumes miroitants des milliers de mercenaires assemblés sous les remparts de la ville. Difficile désormais de penser à Carthage autrement qu’avec les images crées par Druillet. La déliquescence de la ville, accaparée par son élite corrompue et cruelle, écrasée par des dieux sanguinaires, fragilisée avec son unique aqueduc, est magnifiquement rendue.


Le dessin rend l’étrangeté, l’exotisme, le mystère, mais aussi la dégradation d’une société en voie de putréfaction.

Finalement, Druillet traduit à la perfection le côté spectacle en technicolor imaginé par Flaubert – mon ambivalence face à l’album est similaire à celle devant le roman.

Mon billet sur Salammbô.








 

4 commentaires:

keisha a dit…

Salammbo, pas lu, le seul grand roman de Flaubert qui m'a échappé.
Mais Druillet, fichtre!!!

nathalie a dit…

Je l'ai lu mais loin d'être fan. Très très violent, l'orientalisme malsain, tout ça... La BD est impressionnante.

miriam a dit…

j'ai lu Salammbô avant de partir à Tunis. Quel souvenir de lecture ! Druillet m'intéresse, je le chercherai à la médiathèque

nathalie a dit…

Ah tu sembles en garder un meilleur souvenir que moi. Dans ce cas, l'album te parlera certainement.