Agatha Christie, La Plume empoisonnée, parution originale 1942, traduit de l’anglais par Élise Champon (éditions du Masque).
Les habitants d’un village paumé reçoivent des lettres anonymes, particulièrement vulgaires et répugnantes. Jusqu’au jour où la femme du notaire se suicide.
La réussite du roman vient sans doute du fait que le narrateur est un jeune homme, en convalescence après une blessure de guerre (il est aviateur). Il réside là avec sa sœur et en bons Londoniens modernes, ils portent un regard caustique sur les hiérarchies sociales, l’armée de vieilles filles, le voisin pas très viril, etc. Cela ne les empêche pas d’avoir leurs préjugés, mais en étant capables de prendre leurs distances. Ils ont le sentiment de se trouver face à des personnages pittoresques.
Le livre rend bien également le climat de suspicion délétère que peuvent créer des lettres anonymes. Heureusement, miss Marple surgit à la fin pour tout résoudre.
Et heureusement aussi, on ne s’attarde pas trop sur l’invraisemblable rétablissement de la santé du narrateur.
Nous vivions à Little Furze depuis une semaine lorsque miss Emily Barton vint en grande cérémonie déposer sa carte de visite. Ce fut ensuite le tour de Mrs Symmington, l’épouse du notaire, puis de miss Griffith, la sœur du médecin, de Mrs Dane Calthrop, la femme du pasteur, et enfin de Mr Pye, de Prior’s End.
Cette porte du château de Harewood House a un décor de bibliothèque. Quand elle est fermée, elle passe inaperçue. |
Agatha Christie, Un cadavre dans la bibliothèque, parution originale 1941, traduit de l’anglais par Jean-Michel Alamagny (éditions du Masque).
Un beau matin, les Bantry se réveillent avec le cadavre d’une parfaite inconnue dans leur bibliothèque. Et c’est parti.
L’ayant déjà lu, je me souvenais assez bien des deux ressorts principaux du dénouement. C’est un roman assez bien ficelé. Je retiens ce passage, c’est Miss Marple qui parle :
Je vous l’ai dit, je suis très méfiante de nature. Mon neveu Raymond me répète – pour rire, bien entendu, et en toute affection – que mon cerveau est une poubelle, un cloaque. C’est, d’après lui, typique des victoriens. Tout ce que je peux dire, c’est que les victoriens en savaient long sur la nature humaine.
De fait, tout ce monde-là est très conservateur. Quand on lit le réconfort qu’ils éprouvent tous à ce que la peine de mort soit appliquée…
Agatha Christie, L’Affaire Protheroe, parution originale 1930, traduit de l’anglais par Raymonde Coudert (éditions du Masque).
Le narrateur est le pasteur de St Mary Mead, qui ne tarde pas à découvrir le cadavre du colonel Protheroe dans son bureau. Heureusement, sa plus proche voisine n’est autre que Jane Marple et elle passe beaucoup de temps dans son jardin.
C’est le premier roman où apparaît la vieille dame. Je dois dire qu’il est très plaisant à lire. Si l’intrigue policière m’a paru compliquée – je ne suis pas sûre que quelqu’un ait compris quelque chose au déroulement des faits – le récit se tient grâce à la qualité de ses personnages : vieilles filles médisantes, flic obtus, pasteur pas si à la ramasse que ça…
Je note que Jane Marple est qualifiée de vieille pie-grièche 😂 .
Je ne connaissais pas l'expression "vieille pie-grièche" mais ça m'a fait rire. Ta remarque sur le conservatisme des personnages aussi. A part ça, il faut bien reconnaître qu'Agatha Christie savait accrocher son lecteur. J'ai surtout lu la série des Hercule Poirot. J'adore comme elle se moque de ses personnages. Les intrigues policières sont agréablement emberlificotées.
RépondreSupprimerJe suis plus Jane qu'Hercule, j'avoue. Heureusement, il y a souvent beaucoup d'ironie sur les personnages.
Supprimerquoi quoi quoi un Agatha que je n'ai jamais lu !!!
RépondreSupprimerCiel ! Faut dire qu'elle a beaucoup commis.
SupprimerLu, forcément, et comme toi je me ferais bien une petite série britishissime. En VO?
RépondreSupprimerSans moi, la VO.
SupprimerConservatrice Agatha mais heureusement avec un sens critique et un humour bien présents !
RépondreSupprimerOui bien sûr. C'est seulement que ces références permanentes à la peine de mort (qui joue un rôle important dans les livres, il y en a un où un homme essaie de faire condamner sa femme à mort pour un meurtre qu'il a lui-même commis) sont vraiment glaçantes et contrastent avec le ton guilleret.
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