La basilique Santa Maria Gloriosa dei Frari de Venise, autrement dite l'église des Frari, est le lieu où triomphe Titien.
Si tant est qu'il triomphe plus à un endroit qu'à un autre, dans la mesure où ses toiles embellissent toutes les églises de Venise et le palais ducal, mais aussi le musée du Prado à Madrid, et de nombreux autres musées dans le monde. L'église actuelle en brique date du XIVe siècle (mais façade achevée un siècle plus tard) et elle est dotée d'un grand campanile. C'est un beau morceau d'architecture gothique vénitienne.
Les personnages sont plus grands que nature, en accord avec les proportions de l'église. De façon générale, l'oeuvre est conçue pour interagir avec le lieu, depuis l'entrée de l'édifice jusqu'au passage du jubé et l'avancée vers le choeur. La lumière des vitraux tombe sur elle et en modifie les couleurs et la perception. Son éclat et son énergie anime l'autel. En réalité, quand on entre, tout converge vers la peinture.
Photo prise depuis l'entrée (c'est un vaste édifice).
Hop, depuis les stalles du choeur, on aperçoit un grand tournoiement de peinture.
On y voit une belle Marie bien vivante montant en tourbillonnant vers le ciel et Dieu le père, tandis que les apôtres sont très agités à l'étage terrestre. Les couleurs sont éclatantes et les bras s'élèvent. Ce sont de grandes silhouettes colorées, avec peu de détails, ce qui dégage une certaine grandeur.
Titien a alors 30 ans et cette première grande commande publique le consacre immédiatement comme le grand artiste de son temps. Il a été élève des frères Bellini, et ami avec Giorgione. Il devient le peintre officiel de Venise.
Plus tard, le tableau a été volé par les armées napoléoniennes, puis exposé dans les galeries de l'Accademia à son retour en Italie, avant de retrouver le lieu pour lequel il a été conçu seulement en 1919.
Titien a été inhumé aux Frari. Le grand monument actuel a été imaginé par le sculpteur Antonio Canova (autre grand artiste vénitien), mais celui-ci meurt avant son achèvement. Ce sont donc ses élèves qui l'ont réalisé (mais il est moche, je ne l'ai pas photographié).
La grande pyramide de pierre correspond au monument élevé par l'Académie des beaux-arts de Venise en l'honneur dudit Canova.
L'allégorie de la sculpture porte l'urne contenant le coeur de l'artiste à l'intérieur de la pyramide (l'effet produit par cette porte est très réussi).
La page Wikipedia de l'église donne une idée du nombre d'oeuvres d'art qu'elle contient (et quand on visite, on n'en perçoit tout juste le dixième).
Ouvrez l'oeil. De très nombreuses toiles de Titien sont présentes dans presque toutes les églises de Venise. Elles n'ont pas le fracas de celles de Tintoret, mais leur coloris profond et leur composition équilibré retiennent souvent l'attention.
La semaine prochaine, une autre église, un autre peintre.
Les semaines précédentes : Départ pour Venise : balade le long des canaux ; Vittore Carpaccio à la Scuola Dalmata degli Schiavoni.
L'édifice et le campanile sont impressionnants. Merci d'avoir partager cette visite avec nous.
RépondreSupprimerOui c'est une grande église, avec un grand campanile, il y a beaucoup d'espace.
SupprimerPas fan fan du Titien, mais de venise oui, j'ai prévu d'y retourner en novembre prochain, je ne ferai pas la fine bouche en négligeant cette église !
RépondreSupprimerComment ça, pas fan du Titien ? Mais enfin !
SupprimerPeut-être que les toiles du Prado sont plus connues que ses oeuvres religieuses, ceci dit.
que de merveilles dans cette vile!
RépondreSupprimerOui et on n'arrive jamais à tout voir.
SupprimerNous avions pris une "carte chorus" qui nous donnait l'entrée à églises; total je les ai toutes mélangées. pourtant Titien j'aurais dû m'en souvenir
RépondreSupprimerMoi j'ai réalisé l'existence de cette carte chorus au bout de deux jours donc un peu tard... j'ai bien soutenu l'église catholique vénitienne. Ceci dit, les Frari, je ne risquais pas de passer à côté, c'est un lieu majeur pour l'histoire de l'art.
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