La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 25 septembre 2025

Ce qui est étrange, parce que, si je me souviens bien, ce n'est pas mon nom.

 

Susanna Clarke, Piranèse, parution originale 2020, traduit de l'anglais par Isabelle D. Philippe, édité en France par Robert Laffont et Le Livre de Poche.


Piranèse, cela vous dit quelque chose. Vous vous dites qu'il sera vaguement question de cet artiste italien du 18e siècle qui a dessiné d'immenses architectures sans fin...
Que nenni.
Nous lisons le journal d'un homme, dont on apprendra après quelques pages qu'on le nomme Piranèse. Il vit dans un immense Palais, qui est peut-être un labyrinthe, composé de Salles et de Vestibules, dont les murs s'ornent de Statues, et envahi régulièrement par la marée pour ce qui concerne les Salles inférieures. Les Salles supérieures, quant à elles, sont habitées par les nuages. Dans les Salles du milieu vivent les oiseaux et Piranèse.

Quand la Lune se leva dans la Troisième Salle Nord, je me rendis dans le Neuvième Vestibule pour assister à la jonction des trois Marées. C'est un phénomène qui survient seulement tous les huit ans.
C'est le début.

Piranèse est seul, ou presque. Il y a aussi les squelettes de 13 personnes dont il prend soin, l'Autre, un homme qui vient une heure deux fois par semaine et qui recherche un savoir ancien, et peut-être une Seizième personne. Piranèse n'a plus le compte des années. Pour lui 2018 est l'année où l'Albatros est apparu.
Mais nous lisons son journal. Et Piranèse réalise au fil des jours qu'il s'est peut-être trompé sur tout. Il entreprend donc de relire les premiers volumes de son journal pour éclaircir certains points (existence d'un autre monde, identité de l'Autre, identité de 16...). Et il s'interroge. Doit-il faire entièrement confiance à ce journal ? Ou faire confiance à l'Autre ? Doit-il avoir confiance en ce Palais, avec ses statues et ses oiseaux ?

Dans le Quarante-Cinquième Vestibule, je vis tout un Escalier transformé en un vaste banc de moules. Une des Statues qui tapissaient le Mur de l'Escalier disparaissait presque entièrement sous une carapace de coquillages d'un noir bleuté, excepté un demi-visage au regard fixe et un bras blanc tendu.
Piranèse, Prisons imaginaires, 1745-60, gravure, Fondation Cini 


C'est un roman vraiment romanesque, où l'on se plonge joyeusement (même si au début on est un peu perdu entre la Troisième Salle Ouest et le Cinquième Vestibule), un roman magistralement construit que l'on meurt d'envie de relire pour mieux comprendre les différentes allusions et prêter mieux attention à tous les détails (par exemple : les statues). Un bonheur de lecture.

"Mais il n'y a rien de puissant, il n'y a même rien de vivant. Juste d'interminables salles lugubres toutes semblables, remplies de sculptures délabrées et couvertes de fientes d'oiseau."

(…) Cela me choque toujours de l'entendre parler ainsi. Les Salles Inférieures débordent de créatures et de végétaux marins, dont beaucoup sont très beaux et très étranges. Les Marées elles-mêmes sont pleines de mouvement et de puissance de sorte que, bien qu'elles ne soient pas exactement vivantes, elles ne sont pas non plus non-vivantes.

De Susanna Clarke j'ai également lu Jonathan Strange and Mr Norrel, qui est très gros et très bien, avec des sorciers anglais.

L'avis de Karine.




2 commentaires:

  1. Ah oui, j'avais beaucoup aimé son originalité et son étrangeté. Et je crois qu'il y a une coquille dans ton billet, au début du dernier paragraphe : "C'est un roman vraiment roman".

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  2. En lisant le début de ton résumé, j'ai pensé que le roman devait être vraiment étouffant voire effrayant mais apparemment ce n'est pas le cas ? Susana Clarke est bien l'autrice de Jonathan Strange & Mr Norrell ?

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