Il n’y a décidément guère de
doute à avoir, Estelle Nollet est un grand écrivain. Ceux qui gémissent sous
prétexte que la littérature française contemporaine serait faiblarde et
nombriliste n’ont qu’à se mettre à lire.
Ce roman est un road-book, le récit de l’errance d’un couple, Bang et Nao.
Bang est un jeune homme affublé
d’un don encombrant : ceux qui croisent son regard ne peuvent s’empêcher
de révéler un secret honteux (un cuisinier crachant dans les plats, une mère
n’aimant pas ses enfants, un vendeur d’armes…). À cause de cela, ses parents
l’ont abandonné, il n’a jamais été adopté et n’a aucun ami. Il s’obstine à
regarder le sol et uniquement le sol.
Noa… mais ce n’est pas son nom,
c’est une menteuse, elle est insensible au pouvoir de Bang, mais est atteinte
d’une maladie incurable. Elle n’a pas beaucoup de temps devant elle et veut
vivre, voir les migrations de papillons et les pyramides incas.
Ils partent sur les routes,
ensemble, pour quelques mois de folie.
Une fois encore la langue de
Nollet. Un vocabulaire riche et varié, quelquefois violent, respirant la vie et
la sincérité. Ce roman est porté par un souffle et absorbe véritablement le
lecteur. Comme dans On ne boit pas les rats-kangourous on trouve cette infime touche de fantastique, qui
apparaît comme une simple anomalie, pas plus, mais qui enferme les personnages
dans une forme de destinée.
Dans les rues il marchait
toujours la tête baissée et il se demandait si l’attraction terrestre allait
finir par les aspirer, ses yeux, s’ils allaient se décrocher dans un petit cri
et tomber, deux globes d’un blanc laiteux sur le bitume, leur cornée s’y
éraflant et leurs iris bleus trempant dans une flaque de boue, roulant dans le
liquide terreux, piétinés par mille semelles, explosant comme des raisins. Mais
ils ne tombaient pas.
Grand merci à Asphodèle qui m'a envoyé ce livre, un véritable coup de poing pour elle et je suis bien d'accord ! Également l'avis de Lili Galipette.
Que rajouter ?
RépondreSupprimerPeut-être, dans ces deux extraordinaires romans, sous la lecture au premier degré,la profonde réflexion dans laquelle ils nous plongent, mine de rien.
Merci Anonyme ! c'est vrai et j'ajouterai encore qu'il s'agit de livres à relire, car les personnages ont peut-être l'air simple aux premières lignes, mais ils se révèlent progressivement bien plus riche.
RépondreSupprimerTu as aimé ! C'est vraiment un livre que je relirai encore et encore ! Tu en as très bien parlé et je vois que nous avons la même opinion sur le talent d'Estelle Nollet ! A quand le Goncourt pour cette littérature qui décoiffe et qui a un sens !
RépondreSupprimerElle n'a pas besoin du Goncourt (alors que l'inverse est sans doute vrai).
RépondreSupprimerAllez, je le note, ene spérant qu'il soit dispo à la BM, car vous avez l'air vraiment convaincu.
RépondreSupprimerOui Alex, on est plusieurs à vraiment apprécier cet auteur, il faut se lancer.
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