Dorothy Parker, La Vie à deux, traduit de l’américain par Benoîte Groult, Paris,
Denoël, 1960 sous le titre Comme ils sont, lu en 10/18, 1983. Rassemble des textes parus dans des revues,
rassemblés en un seul livre paru à New York, en 1944.
Ces nouvelles se déroulent dans les grandes villes
américaines et mettent en scène des couples, des individus en proie à la
solitude et à l’impossibilité de communiquer. Par exemple Quel
dommage ! met en scène un couple
marié depuis 7 ans qui n’a absolument plus rien à se dire et qui divorce, à la
grande stupeur de leurs amis.
Il est un peu difficile de parler car l’art très
particulier de Parker se situe dans une véritable manipulation de la langue,
très habile et intelligente. Plusieurs nouvelles sont des monologues ou des
dialogues où l’un des personnages monopolise la parole et où les silences de
l’autre dissimulent un désaccord ou un désarroi profond.
Femmes mièvres, naïves, s’accrochant à un
« chéri » absent. Épouses seules, aux journées vides, pour qui seules
comptent les bonnes manières. Les hommes aiment être aimés mais se débarrassent
des « soucis » d’un claquement de doigt. Meilleures amies se
préoccupant peu du réconfort de l’autre. Les êtres ne se connaissent pas, ne se
comprennent pas.
L’écriture est extrêmement moderne, efficace et
cruelle. Cela pourrait être des pièces de théâtre, dégraissées. Cette langue
fait toute la place aux sous-entendus, aux regards pleins de bienveillance et
de certitude, de froideur et arrogance.
C’est une société sexiste où les femmes « comme
il faut » passent leur journée à attendre leur mari au retour de leur
travail, c’est aussi une société raciste : lors d’une soirée une dame
demande à être présentée à un chanteur noir et ne peut s’empêcher de penser à
son mari, qui n’a pas du tout sa supposée largeur de vue :
« Ah ! la tête qu’il va faire quand je lui dirai que j’ai vu Walter
Williams et que je l’ai appelé « monsieur » ! »
Dorothy Parker. Image Wikipedia. |
Mme Ernest Weldon errait çà et là dans son impeccable
living-room, cherchant désespérément à lui imprimer une personnalité grâce à
ces fameux « petits riens » qui font, dit-on, la réputation d’une
femme d’intérieur. Elle n’était pas particulièrement douée dans le domaine des
« petits riens », l’idée pourtant lui paraissait séduisante. Avant
son mariage, elle s’était souvent imaginée parcourant avec grâce son logis,
déplaçant un vase ou redressant une fleur, et de « petit rien » en « petit
rien », transformant sa main en un home.
Ce livre brillant m’a été fort gentiment prêté par
Asphodèle. Merci ! En outre, cela me permet d'ajouter une participer à son challenge Fitzgerald et les enfants du jazz.
Et comment je vais faire mon billet après le tien ? Il est juste parfait et rend bien l'esprit des nouvelles et de son auteure... Il va falloir que je me penche sur sa biblio pour en lire d'autres... Je rajoute ton lien sur la page du challenge !^^
RépondreSupprimerJe te fais confiance, va ! C'est une écriture manipulatrice, qui joue sur l'intelligence du lecteur. Une femme redoutable !
RépondreSupprimer