Quand j’ai vu que ce livre
entrait dans le challenge d’Ys, je me suis décidée. Pour moi il appartient à la
catégorie « on en a beaucoup entendu parler, voyons ce que ça
donne ». Verdict: mwais.
Le prétexte du récit : la
narratrice, Bleue, une jeune fille de 16 ans, fille unique et adorée d’un
spécialiste de sciences politiques, raconte sa dernière année de lycée avant
son entrée à Harvard. Elle fait le détail de sa vie avec son père (veuf et
adulé), de ses relations avec les autres lycéens, de son amitié avec une
enseignante, dont on sait dès le début qu’elle s’est suicidée. Bleue veut nous
faire croire que c’est ce suicide et le traumatisme engendré qui sont au cœur
du récit. En réalité elle raconte son passage à
l’âge adulte et l’impossible moment où elle a dû couper le cordon avec son
papa.
La méthode : ce qui a fait
la célébrité du livre est qu’il est gorgé de citations et d’allusions à une
multitude de films et de livres dans des rapprochements le plus souvent absurdes
et brillants, un peu comme un prof de fac ponctue le moindre de ses propos de
notes bibliographiques.
Voyager en sa compagnie n’avait rien de cathartique ni de libérateur (voir Sur la route, Kerouac, 1957).
Cette méthode est poussée à son extrême, donc tournée
en dérision. Les références culturelles deviennent des marques, des étiquettes,
et perdent toute valeur. Bleue a une fièvre consumériste de la référence
intello.
La dame faillit tomber de sa
chaise face à l’éloquence de papa. Sur le moment, je crus qu’il paraphrasait un
toast irlandais, mais je vérifiai plus tard dans Au-delà des mots de Killings (1999), sans rien trouver. C’était bien
du papa.
Il y a aussi des comparaisons impossibles et
grotesques : un chemin dans la forêt rapproché de différentes
institutrices ou une employée de l’école analysée, attitude par attitude, en
Eva Perón.
Des femmes en petits cercles resserrés bavardaient en triturant leurs cheveux comme si elles essayaient d’arranger un bouquet de fleurs défraîchies. Elles nous décochaient des regards noirs, surtout à Jade (voir « Chien de chasse grondant », La Vie dans les Appalaches, Hester, 1974, p. 32).
Matisse, Conversation, 1909-1912, Saint-Pétersbourg, Musée de l'ermitage, image M&M. |
C’est amusant et virtuose. Ce
livre se moque des érudits et des amateurs de citations et de références, on
peut raconter n’importe quoi à partir d’une bibliographie sans nom. Il s’agit
d’un exercice de potache, un peu lassant à la longue. Le roman est TROP long (400
pages auraient suffi) et j’en ai eu ma claque, d’autant que la narratrice n’a
rien de très sympathique et que l’on ne voit pas trop où elle veut nous mener.
Le jeu littéraire ne pallie pas l’absence d’écriture et de construction
narrative. Ma curiosité est assouvie à propos de ce phénomène.
9/12 participation aux 12 d'Ys catégorie "jeunes auteurs américains". Et première participation au Challenge Prix Campus.
La curiosité va sans doute m'entraîner à essayer de le trouver en bibliothèque pour en lire quelques pages!
RépondreSupprimerje l'ai lu , ça m'a plu un tps puis au bout d'un moment ça sent l'exercice zélé, c'est vrai .
RépondreSupprimerEimelle : c'est suffisamment curieux pour mériter le détour !
RépondreSupprimerCath : et oui, voilà.
Quel titre! Cela pique la curiosité.
RépondreSupprimerJe ne suis pas sûre d'être assez calée pour goûter les références littéraires ou intellos
finalement, le plus gros défaut du livre est sa longueur...
RépondreSupprimerMiriam : personne ne l'est heureusement, c'est le principe qui est amusant, c'est tout.
RépondreSupprimerYs : oui moitié plus court aurait été très bien.
Merci pour ta première participation !
RépondreSupprimerMoi au contraire, je n'avais jamais vraiment entendu parler de ce livre.. et bon, après ton billet, ça me tente pas trop trop ;)
C'est une curiosité, c'est tout.
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