La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 20 novembre 2012

Les trois garçons restèrent chacun un temps sur une émotion qu’ils ruminaient, et dont eux-mêmes n’étaient pas trop sûrs.


Serge Joncour, L’Amour sans le faire, Paris, Flammarion, 2012.

Un roman tendre et doux. Le récit suit deux fils parallèles qui se rejoignent tout lentement. Il y a d’abord Franck, parisien, qui se décide à se rendre chez ses parents, dans le Limousin, après dix ans de silence, alors que son frère cadet, Alexandre, celui qui devait reprendre la ferme, est mort il y a longtemps, tragiquement. Et puis il y a Louise, ancienne compagne d’Alexandre, qui a eu un fils depuis, un petit Alexandre, qu’elle a laissé aux vieux de la ferme pour l’élever. Elle aussi compte passer quelques jours là-bas. Ces deux-là ne se connaissent pas et ne se racontent pas leur vie, ce n’est pas nécessaire, ils sont faits de la même étoffe. L’étoffe de ceux qui ne sont pas à l’aise avec leurs semblables, fragilisés par la vie, maladroit avec leur corps, on ne saura pas tout.
Dans ce livre tout en délicatesse sensible, j’ai beaucoup apprécié la description qui est faite du rapport que Franck entretient avec la campagne, la ferme familiale, les gestes qui ne se perdent pas et le sentiment d’y être étranger, sans pouvoir être chez soi ailleurs.

À la ferme ce n’était pas dans les habitudes de se parler, certainement pas pour se livrer. Ce que chacun pensait de l’autre il le gardait, c’était à lui, c’était son trésor. Ne pas arriver à se dire les choses c’est peut-être la forme la plus édulcorée de la sincérité, en pas arriver à se parler c’est une façon de retenir les mots à soi, de les penser à un point tel qu’on n’arrive même plus à s’en détacher, de la sincérité à l’état brut.

Le cœur des relations humaines, c’est le silence et l’incompréhension, ce qui est une idée très fine. Pas question ici de longues explications, d’aveux, de questionnements, ou de développements psychologiques, chacun a l’incompréhension en commun.

Serge Joncour est membre des Papous dans la tête, son apparente maladresse est drôlissime - faut que je vous fasse écouter l'ère de la Coucourde !

L'avis de Pauline sur le livre.
Merci à PriceMinister, à Olivier Moss pour ses efforts et à Flammarion.




3 commentaires:

Eimelle a dit…

le monde du silence... un livre que j'ai apprécié également! Bonne journée!

Alex Mot-à-Mots a dit…

Un roman qui a l'air très beau.

nathalie a dit…

Oui Eimelle, je suis contente de voir que ce livre a d'autres adeptes.
Alex : tu vas pouvoir le noter, oui.