Euripide, Médée, Ve siècle av. notre ère, peut-être en
431, traduit du grec par Marie Cardinale, édité par Grasset en 1986 et 87.
J’ai beaucoup aimé cette lecture
et cela sans doute grâce à la traduction pleine de vie et de chair de Marie
Cardinale.
C’est l’histoire de Médée telle
qu’on la connaît. Il semble que c’est Euripide qui le premier a eu l’idée de
faire tuer les enfants par Médée elle-même. Et oui, on a affaire à un mythe,
chacun y ajoute sa petite pierre. Égée n’y a pas encore le rôle décisif qu’il a
chez Corneille. Et il n’y a pas ici de Deus ex machina, pas de char avec ses
dragons, juste une femme et un poignard. Quant à la robe, je trouve que
Corneille s’en sort mieux, il l’utilise vraiment pour faire avancer la
narration et hâter le dénouement. Mais ici la langue est plus forte. Créon me
paraît plus sensible mais tous les personnages à l’exception de Médée sont un
peu faibles. L’héroïne prend toute la place, terrible.
Judith Anderson joue Médée dans la pièce d'Euripide
photographie de Thérèse Le Prat Thérèse, 1955
Paris, Médiathèque de l'Architecture, image RMN
|
Le texte insiste aussi sur un
autre point. Alors que Corneille retient surtout la trahison amoureuse de Jason
– amoureux intéressé – Euripide met l’accent sur l’étrangeté de Médée : ce
n’est pas une Grecque, c’est une Barbare, elle vient de la Mer Noire. Elle est
forcément étrangère (et un Grec ne peut pas épouser une Barbare – le lien qui
l’unit à Jason ne vaut rien devant la loi et les enfants n’ont aucune
protection), exilée, effrayante, bizarre, elle fait peur. Alors que Jason est
le « Grec ». Et comme dans toutes les tragédies grecques, les femmes
sont en proie à un destin sur lequel elles n’ont aucune prise.
Une histoire de fureur.
Jason
Tu es immonde ! Tu es une
créature infecte ! Tu me fais horreur, tu fais horreur au genre humain, tu
es un monstre !
Maudit soit le jour où je t’ai
sortie de ta terre barbare !
Maudit soit le jour où je t’ai
installée dans la famille que tu viens d’exterminer ! Jamais une femme
grecque n’aurait commis une telle monstruosité, jamais !
Maudit le jour où je t’ai
embarquée sur mon beau bateau !
Maudit le jour où je t’ai
préférée à une femme de mon pays. Tu n’es pas une femme, tu es une lionne
sanguinaire, tu es une sauvage !
Participation au pari hellène et au challenge Médée.
Je note ce titre !!!
RépondreSupprimerNote tout Euripide, cela ira plus vite !
RépondreSupprimerMa prochaine lecture du challenge !
RépondreSupprimerTu as raison, cette pièce est superbe !
RépondreSupprimer