Antoine Volodine, Songes de Mevlido, 2007.
Il y a quelques années j’ai lu
plusieurs romans de Volodine, puis j’ai arrêté après une ou deux déceptions.
Avant de lire Terminus radieux, paru
à l’automne dernier, j’ai eu envie de relire afin de publier quelques billets.
Donc, retour à Volodine.
Songes de Mevlido est un roman très réussi, qui campe l’univers de
Volodine dans toute sa richesse, malgré des longueurs et un sentiment croissant
de confusion.
Nous suivons l’errance de
Mevlido, un homme d’une cinquantaine d’années, policier dans un monde qui a vécu
plusieurs guerres mondiales, d’inspiration post-communiste. Dans une ville en
ruines, où les immeubles sont habités par des ex-enfants-soldats, d’anciennes
populations en fuite, se côtoient des ghettos branlants envahis par des
insanes, des araignées, des poules géantes, des vieilles organisant des
manifestations bolchéviques et des chamanes qui appellent les morts sur leurs
tambours. Mevlido a une mémoire embrouillée, entre ses souvenirs de déplacement
et de guerre, ses songes et une histoire confuse qui nous est peu à peu
révélée.
Ce livre a des longueurs,
d’autant que le roman raconte une errance et un monde sans repère qui n’en
finit pas, mais se dégrade peu à peu. Cette longueur permet à Volodine de
dresser le tableau d’un univers unique, envahi progressivement par un vent de
sable, de poussière et de suie. Un des points troublants est la cohabitation
entre les humains, ou plutôt les hominidés, et les oiseaux. Il y a ainsi véritablement un homme-vautour. Au sujet de
plusieurs personnages, notamment féminins, on hésite quant à leur statut. Elles
ont une peau, un duvet, des plumes, se transforment, hésitent entre des mondes.
L’utilisation des personnages de chamanes, d’inspiration coréenne, chantant au
rythme de tambours, quand il ne s’agit pas d’un fou tapant sur un tuyau,
apporte magie et espoir dans ce monde menant inexorablement au néant.
Sept ou huit cent mètres plus
loin, la lune bloquait la voie, comme souvent. Elle barricadait Macadam
Boulevard de tout son ivoire jaunâtre. Elle était vautrée pesamment sur les
rails et elle occupait le paysage jusqu’au milieu du ciel. Ne sachant trop
comment répondre à cette manifestation d’arrogance, la ville hésitait entre
collaboration et défaite, avec ici et là de piètres tentatives de résistance.
Sur le blog, mon billet sur Écrivains de Volodine.
Il m'intéresse cet auteur, je vois son nom depuis quelques années sans avoir essayé, je noterais bien mais je ne sais pas par lequel commencer ? Tu sauras peut-être me convaincre ! :D (par MP, je ne reçois pas les réponses aux comm' BS :( ). Bises, Nath !
RépondreSupprimerJe t'ai envoyé un mail mais répondons à la planète entière. Lisbonne dernière marge est un des plus connus et réussis.
RépondreSupprimerJ'ai découvert Volodine il y a quelques mois avec "Terminus radieux" et j'ai été un peu déçue de ne pas en entendre davantage parler, car ce fut pour moi un vrai coup de cœur. J'ai adoré l'univers que Volodine a créé, même s'il est très noir, ainsi que son écriture. Je viens de lire ton billet sur "Ecrivains" et je vais peut-être poursuivre avec ce livre ou avec "Lisbonne dernière marge" que tu conseilles. Si un jour tu lances une lecture commune concernant Volodine, je suis partante !
RépondreSupprimerPourtant il a eu de la presse écrite, radio et télé je crois même. D'ailleurs il a reçu un prix. Tu n'as pas dû le repérer. Pas de LC prévue je crois. En plus je crois que mon exemplaire de Lisbonne est chez ma mère.
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SupprimerLelivredapres Florence26 mars 2015 13:24
Oui, en effet, on en a parlé dans la presse écrite, à la radio, notamment à l'occasion de l'attribution du Prix Médicis. Je me suis mal exprimée, j'aurais dû préciser "sur les blogs" où j'ai trouvé finalement peu de billets. D'où mon intérêt à découvrir ton avis sur l'auteur.
Ce n'est pas un auteur très couvert par les blogs, même si Terminus radieux a eu plus d'écho que ses précédents livres.
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