La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



dimanche 16 août 2015

Cependant, de l’âge de quinze ans à celui de dix-sept, elle devait s’exercer à l’état d’héroïne.

Jane Austen, Northanger Abbey, traduit de l’anglais par Josette Salesse-Lavergne, achevé vers 1799.

À mon tour de me lancer à l’assaut de Jane Austen ! Le hasard fait que je commence par ce qui est sans doute son premier roman.

Le roman est animé par une voix extérieure, malicieuse en diable. Elle nous présente Catherine, une petite fille quelconque devenue une jolie jeune fille qui s’apprête à passer quelques semaines à Bath, en compagnie d’amis de la famille. Elle y fera son apprentissage en terme de vie sociale, d’amitié et bien sûr d’amour.

Elles manifestèrent à se revoir une grande joie, en personnes qui se sont fort bien accommodées de ne rien savoir l’une de l’autre pendant quinze ans.

La toute première chose qui m’a plu, c’est cette voix de la narration qui se moque de ses personnages, de leur naïveté ou de leur hypocrisie, et qui se moque des romans d’amour à multiples péripéties. La bonne héroïne devrait faire ci, éprouver cela, s’inquiéter de ceci – et Catherine qui dort des deux oreilles pendant ce temps ! Plus généralement, Northanger Abbey rend un hommage vibrant aux romans, aux romans d’amour, aux romans gothiques et aux lecteurs de romans. Les heures plongées dans une passionnante lecture sont si différentes de celles de la soi-disant vraie vie ! Les jeunes filles comme il faut aiment les romans vraiment horribles et qui font peur.
Catherine est une fan d’Ann Radcliff et lit Le Château d’Udolph. Cela l’influence grandement quand elle est finalement invitée à résider à Northanger Abbey. Elle est surexcitée à l’idée de vivre un peu dans un tel si ancien et plein de souvenirs et de secrets. Romantique avant la lettre, elle manifeste un goût pour l’ancien et les constructions médiévales, au point de regretter les aménagements modernes dans les bâtiments à habiter et de chercher où doit se trouver le nécessaire souterrain. Heureusement Catherine aura la chance de trouver un homme avec qui parler de ses lectures…

Canaletto, Alnwick Castle, vers 1752, collection privée, M&M.

Nous transitons ainsi des bals de Bath à une abbaye gothique, avant de découvrir la charmante maisonnette d’un presbytère. Toute l’Angleterre est ici réunie.

La passion qu’elle éprouvait pour les vieux monuments était presque aussi violente que sa passion pour Henry Tilney, et les châteaux et abbayes faisaient d’ordinaire le charme des rêveries que ne remplissait pas l’image du jeune homme. Contempler, explorer les remparts et le donjon de l’un ou le cloître de l’autre, c’était là un rêve qu’elle caressait depuis des années.

Le récit est donc souvent mis à distance. Nous voyons les agissements hypocrites de plusieurs personnes, préoccupées de leur bien être plus que de l’amitié. La description est précise, cruelle mais affectueuse, car jamais caricaturale. Je dois dire que j’ai trouvé Catherine très sympathique, notamment dans la gêne qu’elle éprouve à être invitée chez ses amis – je suis toujours embarrassée quand les amis me proposent de venir en vacances chez eux. Cette jeune fille qui dessine mal, est nulle au piano et cout passablement est une compagne agréable.
L’atmosphère du roman est joyeuse. Le lecteur a la certitude que les personnages vont trouver leur voie et se débrouiller dans la vie – cela fait du bien aussi.

Des femmes écrivainsChallenge Destination PAL - la liste de lecture.

Avis des quotidiennes deVal : 

12 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Mon roman préféré de l'auteure ! Son humour est délicieux.
Je l'ai moins retrouvé dans "Orgueil et préjugés" et "Raison et sentiment", davantage dans "Emma", pas du tout dans "Mansfield Park".
Bonne découverte de cette chouette auteure !

nathalie a dit…

C'est celui qui me faisait le plus envie et j'ai assez peur d'être déçue par tous les autres en effet. On verra...

miriam a dit…

Cela fait bien envie je vais telecharger

nathalie a dit…

C'est un plaisir à lire !

Mélusine a dit…

Je n'ai pas lu celui-ci et visiblement, il faut que je répare cet oubli!

Alex Mot-à-Mots a dit…

Il date du 18e siècle, ce roman ? Il me semblait qu'il était plus récent.

nathalie a dit…

En effet !

nathalie a dit…

C'est un des premiers qu'elle a écrit mais il a été publié bien plus tard .

Anis a dit…

C'est amusant car je viens de lire sur le blog "Les mots de la fin" qu'il en existe une version abrégée pour les plus jeunes.

nathalie a dit…

Pourtant cela se lit très vite !

Arieste a dit…

J'avais beaucoup aimé ce livre :)

nathalie a dit…

Ça ne m'étonne pas de toi !