La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 18 septembre 2015

Encore un blessé qui cherche le grand hôpital.

Honoré de Balzac, Le Curé de village, 1841.

Un roman un peu trop catholique pour moi.

Au début du livre, Balzac nous fait le portrait de Véronique Sauviat, jeune fille assez simple de Limoges, mais qui découvre les mystères de la vie dans un roman. Il s'agit de Paul et Virginie et non de la Comédie humaine, mais c'est bien l'art du romancier qui décide de tout (ah, Honoré…). Ensuite, Véronique est mariée à un vieux, laid et riche banquier. Je dois dire que la peinture de ce couple mal assorti est assez réussie, Balzac montre là une réelle finesse d’analyse. Puis le récit s'interrompt pour faire place à la relation d'un crime et de son procès – au lecteur de lire entre les lignes. Enfin, Véronique devenue veuve, se lance dans des travaux d'irrigation pour développer un village misérable des environs de Limoges. N'ayez garde de la prendre pour une philanthrope – gens froids et sans dieu – elle est animée par les sentiments les plus chrétiens qu'ils soient. On est sous le signe de la repentance et de la rédemption.
 
Guillaumin, La Creuse et les ruines de Crozant, 1898, musée d'art de Guéret. RMN
Ce n'est rien de dire que j'ai été gênée par le message du roman, qui est assorti de réflexions contre la propriété, la démocratie, l'individualisme, etc. et pour le droit d’aînesse et la monarchie. Les personnages critiquent vertement la médiocrité de l’administration du temps qui gâche les talents de la jeunesse et Napoléon reste le modèle du grand homme (ces romantiques…). C'est dommage, car la description de la campagne inculte et de sa mise en valeur est très intéressante et représente bien les préoccupations du temps quant au développement de l'agriculture (comme dans ce roman de George Sand). Balzac a visiblement des rêves de gentleman farmer (comme dans Le Lys dans la vallée) et peut avoir lu Arthur Young. C'est aussi un roman où la province donne lieu à des développements positifs. La campagne donne lieu à des peintures apaisantes, où les animaux et les familles ont leur place. On fait facilement de Balzac l’écrivain de Paris, mais il se préoccupe aussi des changements qui interviennent dans les campagnes.

Je remarque enfin que Balzac a décidément le goût des narrations interrompues brutalement. Il aime les récits à deux faces, agencées ici assez correctement.
Je note le personnage de la mère de Véronique, figure forte et intéressante.

 Les voisins pouvaient voir de chez ces deux vieilles gens, immobiles sur leurs fauteuils comme deux figures chinoises, écoutant et admirant leur fille de toutes les forces d'une intelligence obtuse pour tout ce qui n'était pas commerce ou foi religieuse.

8 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Bientôt, je ferai un sort à Hohoré de Balzac !!!

keisha a dit…

Pas lu, mais je me ferais bien une nouvelle cure de Balzac, tiens (jeu de mots)
Merci pour le tableau de guillaumin, superbe endroit dans la réalité aussi.

Hélène a dit…

Je ne suis pas fan de Balzac ...

Alex Mot-à-Mots a dit…

Trop catholique ? Tu m'intrigues !

nathalie a dit…

Il y a beaucoup trop de livres à lire, je trouve. Tu as de la chance que je défriche pour toi !

nathalie a dit…

Je ne connais pas du tout la région, mais j'imagine que c'est très beau en effet.

nathalie a dit…

Ce n'est pas grave. Ceci dit, certains titres sont vraiment bons dans le lot.

nathalie a dit…

Ce roman est très proche de ce qu'aurait pu faire Sand s'il n'y avait pas ce côté rédemption à tout crin.