Yak Rivais, Aventures du général Francoquin au pays des frères Cyclopus,
première publication 1967, réédité au Tripode en 2015.
De la littérature ! (et un
bon gros roman irracontable)
À une époque non déterminée, mais
qui sent sa fin de XIXe siècle, un pays sans nom a vu la révolution
des frères Cyclopus triompher. Mais le pays est ruiné et est en partie aux
mains du puissant Empereur voisin qui envoie le général dom Franquin gouverner
(= faire le gouverneur fantoche). C’est la première semaine de ce général que
nous suivons.
Francoquin sonne le rassemblement au sommet de la colline, c’est-à-dire qu’il donne de la voix comme un putois pris au piège.
Franquin est accompagné de sa
femme (et de l’amant de celui-ci), de sa fille Chou-Baby, de sa maîtresse Filasse,
de son tueur N’a-qu’un-Œil et d’une drôle d’équipe. Il rencontre sur sa route
des bandits, des Indiens, des espions à la solde de ci ou l’autre. Mais
Franquin – Francoquin – ne se révèle ni si sot ni si bon à rien qu’il en a
l’air…
Cette lecture m’a énormément plu.
L’histoire est complexe (je me suis souvent perdue entre les différents tueurs
et chefs révolutionnaires) et alterne les points de vue. C’est un grand roman
d’aventures, ressemblant volontiers à un western, à une fable politique sur la
construction d’un pays, à une grosse blague et à un hymne à l’amitié et à
l’amour triomphant.
L’humour est essentiel. Les
personnages sont dotés de surnoms qui sont autant de clins d’œil. Les
révolutionnaires se divisent entre anarchistes, utopistes et purs comme autant
de stéréotypes. Le Jésuite est imbuvable. Les hommes ne pensent bien souvent
qu’aux filles (même si cela leur attire des ennuis) et à se battre. Le ton
alterne entre blagues de mauvais goût, jeux de mots plus ou moins fins et
allusions érudites et favorise les dialogues et les phrases sans verbe, avec
beaucoup d’efficacité. Le roman rend également les défauts de prononciations
des uns et des autres (entre l’un qui avale les R et l’autre qui zozote…). Un
personnage emploie un mot pour l’autre (quenelles pour querelle, imbacille pour
imbécile, biscotos pour bisceps) et c’est très drôle. On est à haute voix. Mais
l’auteur ne cède jamais à la facilité et certaines conversations peuvent se
tenir entièrement au passé simple.
C’est un livre savant et drôle à
la fois, plein de poésie et de joie.
- Tu fais semblant de partir avec
nous, mais tu surveilles les parages. Si un curieux s’avise de nous filer, tu
t’en charges.
- - Je
décharge, corrige atrocement Labosse.
Merci Estelle pour le prêt du
livre (je vais peut-être me l’acheter). L'avis de Lou Dev.
Oh mais c'est tout à fait original! Je ne connaissais pas du tout...Même si ma bibli possède plein de ses livres!
RépondreSupprimerPour moi aussi c'est une (brillante) découverte.
SupprimerEt merci à Aline qui m'a offert ce livre (je ne connaissais pas du tout Yak Rivais !).
RépondreSupprimerVive Aline !
SupprimerJ'aime beaucoup les enfantastiques et les autres livres de Rivais pour la jeunesse, j'ai très envie de lire celui-là !
RépondreSupprimerS'il y a la même inventivité verbale, en effet.
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