La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 3 février 2016

Je suis devenue une vache. Il n’y a pas de quoi en faire un fromage.

François Morel, Meuh !, première édition 1996, lu dans l’édition 2014 Archimbaud et Les Belles Lettres avec les gravures de Christine Patry et un disque, musique d’Antoine Sahler.

Il s’agit je crois du premier livre de François Morel. C’est l’histoire de Philippe, un petit garçon d’une petite ville de province, qui devient une vache. C’est aussi simple que cela. Le narrateur nous raconte son enfance, assez ordinaire, avec des parents qui le comprennent de moins en moins, son adolescence et le moment où il faut bien se rendre compte qu’avec 800 kilos et deux cornes sur le front, il est une vache. Commence alors une nouvelle vie, au sein d’un troupeau.

Oui, voilà comment nous sommes, nous autres vaches : fuyantes et impassibles, massives et transparentes. Immédiatement identifiables, nous demeurons définitivement indiscernables.

Le ton est tendre, maniant l’humour et l’absurde. Il ne s’agit pas d’un conte ou d’une fable, mais d’une sorte de témoignage réaliste sur le devenir vache. Philippe a un ton très sérieux, ce qui ajoute à l’absurdité du récit. Le roman incite tout de même à se poser des questions sur ces animaux si familiers que l’on ne regarde pas, auxquels personne ne suppose des sentiments ou une personnalité. Plusieurs personnages à première vue ancrés dans le bon sens se révèlent un peu bizarres, se transformant par exemple en oiseau. L’impression générale est celle d’un roman agréable, mélancolique et bizarre.



Le format presque carré et les gravures font de cette réédition un bel objet, plein de poésie et de mystère. Elle est accompagnée du livre audio, le texte est lu et chanté par l’auteur (j’ai beaucoup aimé le chant consacré au taureau Libertado).

Moi-même, lorsque j’étais enfant, je n’ai pas trouvé le Rudyard Kipling qui m’aurait annoncé de sa voix mâle et rassurante : « Tu seras une vache mon fils. »


Merci Moustachu pour ce cadeau un peu vache.

8 commentaires:

Hélène a dit…

Eh bien ça me semble très original !

nathalie a dit…

Original et sympathique, oui.

Lili Galipette a dit…

Mmmhhhh, des airs de "Truismes" de Darrieussecq, non ?

nathalie a dit…

Je n'ai pas lu Darrieussecq, mais j'ai dans l'idée que ce n'est pas le même style d'écriture ni le même ton.

ysa a dit…

Non ça ne paraît pas pareil que Darrieusecq. En revanche ça donne envie de lire le livre en question !

Alex Mot-à-Mots a dit…

Un chant consacré au taureau ? Tu m'intrigues.

nathalie a dit…

Je peux te le prêter, c'est une lecture divertissante.

nathalie a dit…

Olé ! Oui, c'est un taureau espagnol.