Roberto Arlt, Eaux-fortes de Buenos Aires, traduit de
l’argentin par Antonia García Castro, textes écrits entre 1928 et 1933, publiés
en France par Asphalte.
De petits textes doux-amers et
délicieux à la fois.
Arlt a fourni pour la presse
argentine ces articles, ces eaux-fortes comme il les appelle. L’eau-forte est
une technique de gravure qui s’opère à l’aide d’un liquide acide et d’une
pointe qui égratigne le métal… vous saisissez la métaphore ? Arlt parle du
Buenos Aires qu’il connaît, dresse des portraits des différents types
d’habitants et l’ensemble forme un tableau contrasté.
Dans sa tête de chien respectueux des lois qui régissent la vie en société, un concept se fit jour : je ne pouvais qu’être bénéfique à sa maîtresse, et c’est en tant que tel qu’il m’a regardé, avant de me faire la fête, complètement solidaire de la logeuse alors qu’elle me vantait le lit plein de puces et le canapé recouvert d’une toile dorée fort indiquée pour incuber lesdites puces. À mesure qu’elle s’attendrissait en énumérant les mérites du canapé populeux, Chaplin remuait la queue avec un enthousiasme grandissant, comme s’il voulait me faire comprendre que lui aussi, en chien délicat, avait apprécié la douceur et le moelleux du canapé.
D'après Wikipedia, les armes de Buenos Aires (ça n'est pas kitch du tout). |
C’est un plaisir de se promener
dans ce Buenos Aires disparu et de rencontrer toutes les populations formant
cette ville : les Turcs, les Italiens, les mots de français, les paysans
venus des campagnes, les musiques les plus variées, les riches, les pauvres.
Une figure prédomine dans l’ensemble : celle de l’homme n’en fichant pas
une. Arlt en détaille tous les types possibles, de celui qui ne veut pas
travailler, à celui qui ne peut pas, à celui qui tient le mur à celui n’est bon
à rien. Le ton est plein d’humour, mais l’affection n’empêche pas la satire.
Plusieurs chroniques sont
centrées sur la langue. Visiblement, si l’on en croit la traductrice, Arlt
écrit la langue de la rue, avec ses mots d’argots aux origines variées, aux
définitions déformées. Il s’intéresse aux trajets parcourus par ces mots venus
de loin pour décrire la réalité de la rue ou du café d’à côté. Lui-même possède
un étrange nom allemand et s’intéresse aux mots italiens, mais aussi génois et
napolitains.
L’humour et le ton piquant
n’empêchent pas l’auteur d’égratigner la politique de l’État brésilien :
les chômeurs sont nombreux, les grands travaux inadaptés, l’administration
corrompue et pléthorique.
Vous ne faisiez que passer,
passer pour la voir, rien de plus, mais vous vous êtes arrêté… Je ne sais pas,
disons pour dire bonjour. Pour ne pas être impoli. Et vous vous attardez un
moment pour faire un brin de causette. Quel mal y a-t-il à ça ? Et
soudain, on vous offre une chaise. Vous dites : « Non, non, ne vous
dérangez pas. » Mais, quoi ? La petite a filé à toute vitesse. Et une
fois que la chaise est là, vous vous asseyez et on continue la causette.
Chaise baratineuse, chaise
ensorceleuse.
Bon pour le défi Amérique du Sud d’Eimelle.
Merci pour ta participation!
RépondreSupprimerC'était l'occasion de découvrir cet écrivain qui a aussi publié de gros romans.
Supprimer