La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 23 mai 2017

Durant toute la nuit, le mistral hurla comme une bête enragée.

Josep Pla, Pain et Raisin, traduit du catalan par Llibert Tarragó avec la collaboration de Marta Martínez Valls, parution originale 1951, édité en France chez Autrement.

Petit récit de mer et de montagne.

Nous sommes dans les années 1920, dans un coin isolé du rivage catalan. Le narrateur aime à marcher dans une olivaie bien particulière, dont il nous décrit les couleurs au fil des saisons. Mais voilà qu’une étrange histoire de contrebande vient se greffer à ses promenades… que fait ce petit bateau amarré là ? Et qui est ce mystérieux Pain et Raisin – car c’est le nom d’un homme ?

Il traverse des lieux encaissés encadrés par des murets d’ardoises. Alors, tout est soumis à la gravitation du silence déversé sur le chemin depuis les olivaies pâmées dans l’air figé de cet abri : lieux légèrement ténébreux l’hiver, quand l’air est imprégné par le vert des olivaies, un vert froid béni des dieux ; l’été, c’est le divin réchauffement du soleil concentré dans l’atmosphère dorée et légèrement rosie.

Un récit très court, mais tout à fait dépaysant. L’intrigue a la simplicité d’une anecdote, une barque dans un réseau de contrebande, et se tient dans un paysage magnifique, fait de rochers et de vents. Le mistral y est un personnage à part entière, énervant et excitant les hommes, intervenant dans leur destin. À la fin, on ne saura pas grand-chose du lieu et des personnes et nous refermerons le livre avec nos questions.
L’auteur porte attention aux couleurs et aux textures selon l’heure de la journée, selon la météo, le vent, l’humidité. C’est une balade.

Sugiton. M&M
En ce qui me concerne, je prends goût à Cadaqués lorsque le dernier estivant a disparu ; lorsque le vide de toutes les maisons fermées et la mélancolie des maisons délabrées s’épandent à travers le village ; lorsqu’on ne voit plus personne dans les rues, et que le mistral fait pirouetter la queue des chats ; lorsqu’on sent palpiter derrière le décor un peu théâtral des façades, une vie dure et inamicale, de misère résignée, un tantinet énigmatique. Oui ! C’est alors que le village me plaît, et peu m’importe la couleur du temps.





2 commentaires:

Sharon a dit…

Un auteur et un titre qui me sont parfaitement inconnus.
Merci pour ta participation !

nathalie a dit…

Je pense que c'est le titre qui m'a attirée... Apparemment seul un ouvrage de type autobiographique est traduit en français, mais aucun roman.