Honoré de Balzac,
des nouvelles et des courts romans.
La Muse du département, 1837.
Court roman qui se
déroule en partie à Sancerre et en partie à Paris. Le personnage principal est
une femme, Dinah, instruite et cultivée, un peu bas bleu (quelques clichés
attendus sur le sujet), qui s'ennuie à mourir auprès d'un mari radin et de
vieux et fidèles admirateurs. Quand débarque le littérateur Lousteau elle tombe
comme un fruit mûr.
Je suppose que le but
d'Honoré était de faire un portrait dépréciatif des femmes écrivains, mais le
résultat n'est pas si évident. Il est explicitement fait référence à George
Sand et à Adolphe de Staël.
L'histoire d'amour et
le parcours social des différents personnages m'ont moyennement intéressée,
mais finalement l'homme de lettres professionnel qu'est Lousteau apparaît comme
l'homme des vieilles ficelles, inapte aux efforts et sans originalité. Il est
loin d'être un grand romancier à l'imagination féconde et au pouvoir créateur !
D'ailleurs il y a un seul génie de l'écriture dans la Comédie humaine et c'est
l'auteur – pas question de créer un personnage d’écrivain génial et à succès !
En revanche, on devine que Dinah aurait pu avoir sa chance, elle possède
l'originalité, la détermination et l'ambition artistique nécessaire pour
rivaliser avec les hommes – mais une femme est vouée à l'amour, à la maternité
et à la constitution d'une famille.
Ceci dit, le passage
que j'ai préféré est le récit de deux soirées. L'une où les différents
personnages racontent des histoires d'adultères qui font peur : le médecin Bianchon
raconte la Grande Bretèche qui est si réussi. Il y a aussi une histoire
espagnole parfaitement terrifiante. Au cours de l'autre soirée on découvre un
roman italien (ou plutôt un roman anglais) dont il manque des passages et c'est
très réussi. Ces deux soirées apportent une coloration gothique à ce roman qui
serait plutôt plat sans cela.
Le roman peint enfin de
façon caricaturale l’opposition entre Paris et la misère intellectuelle de
la province.
Il se jouait en effet
à La Baudraye une de ces longues et monotones tragédies conjugales qui
demeureraient éternellement inconnues, si l'acide scalpel du Dix-Neuvième
Siècle n'allait pas, conduit par la nécessité de trouver du nouveau, fouiller
les coins les plus obscurs du cœur, ou, si vous voulez, ceux que la pudeur des
siècles précédents avait respecté.
Morisot, Jeune femme assise devant la fenêtre dit L'Été, 1879, Musée Fabre, M&M. |
Esquisse d'un homme d'affaires d'après nature, 1845.
Une nouvelle à
laquelle je n'ai rien compris à cause du trop grand nombre de personnages (je
ne me rappelle pas des biographies de l'ensemble des messieurs/dames de la
Comédie humaine) et de la complexité du sujet ( je suis moins à l'aise
qu'Honoré avec tout ce qui concerne les dettes et les entourloupes
financières). Mais on y trouve cette phrase magnifique :
Or, par une soirée
carnaval, maître Cardot avait régalé, chez mademoiselle Turquet, Desroches
l'avoué, Bixiou le caricaturiste, Lousteau le feuilletoniste, Nathan dont les
noms illustres dans la Comédie humaine rendent superflue toute espèce de
portrait.
La Messe de l'athée, 1836.
Une nouvelle touchante
mettant en scène le bon médecin Bianchon et surtout son maître Desplein. C'est
le récit de la jeunesse laborieuse et misérable, qui étudie le ventre vide, au
contact des plus pauvres.
et toc encore un texte qui m'attend
RépondreSupprimerBalzac c'est un puits sans fond pour notre grand plaisir
Je compte bien, sinon atteindre le fond, du moins l'effleurer ! Avec quelques années...
SupprimerOn pardonne tout ou presque à notre cher honoré! Il m'en reste tant à lire et relire...
RépondreSupprimerTsss, non, non, il est abominablement sexiste et on ne pardonne pas !
SupprimerJ'ai dit 'presque'! ^_^
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