Raymond Chandler, La Petite sœur, traduit de l’américain
par Simone Jacquemont et J.-G. Marquet, parution originale 1949.
Mon petit bonbon d’été !
C’est toujours un plaisir de lire
une enquête de Philip Marlowe. En l’occurrence, une jeune femme pas bien
affriolante lui demande de retrouver son frère dont elle est sans nouvelle.
Ensuite, il y a des meurtres au pic à glace, une starlette de cinéma, un
gangster recyclé, un médecin louche (chez Chandler, les médecins sont toujours
louches). N’oubliez pas de vous méfier de la fille pas affriolante, elle
pourrait receler des surprises.
Flack s’exclama soudain :
- Un travail au pic à glace ne peut venir que d’une femme. Ça s’achète n’importe où, pour dix cents. Si on doit s’en servir vite, on le range dans son porte-jarretelles, et c’est parti.
Christy French lui adressa un bref regard assez pensif. Beifus enchaîna :
- J’aimerais bien savoir avec quel genre de dames tu traînes, toi ? Au prix où sont les bas, autant se coller une scie dans la chaussette.
J’ai beaucoup aimé ma lecture.
J’ai trouvé que ce roman avait un ton plus désabusé que les précédents. Los
Angeles est ici une ville de hangars et de néons, à la population triste et
terne, seules les étoiles du cinéma pailletant encore faiblement. Tout semble
sale et même les rivages du Pacifique, qui offraient quelques belles échappées
dans les romans précédents, semblent vides.
Il y a aussi de nombreux passages
assez drôles, même s’il s’agit surtout d’humour noir. Tuer une mouche peut en
effet être aussi important que de répondre à un client potentiel.
Quant à l’intrigue, c’est
toujours un peu compliqué, car Marlowe, qui est le narrateur, ne nous dit pas
tout et prend soin de concocter une version pour la police, une version pour sa
cliente et une vraie version pour l’assassin – pas facile de s’y retrouver, car
finalement tout semble assez crédible.
Je roulais jusqu’à Oxnard et fis
demi-tour en longeant l’océan. Les semi-remorques fumaient vers le nord,
couverts de phares orange. À droite, ce bon vieux Pacifique se traînait sur le
sable comme une infirmière rentrant du boulot. Pas de lune, pas de bruit, tout
juste celui des vagues. Pas d’odeur. Il n’y avait pas cette odeur aigre de la
mer. C’est ainsi en Californie. La Californie, l’État des centres commerciaux.
On y trouve tout, et surtout le meilleur du pire.
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