Marie-Claire Blais, Une saison dans la vie d’Emmanuel,
parution originale en 1965.
Une tranche de vie.
Nous sommes parmi une famille
pauvre de la campagne québécoise au début du XXe siècle. Les enfants
se multiplient et Emmanuel, le seizième, vient de naître. Certains sont morts,
à divers âges. Héloïse a été au couvent et en est revenue. Jean Le Maigre est
envoyé au noviciat, mais il est malade. C’est dommage, car il invente de
merveilleuses histoires. Il y a aussi le Septième et Pomme et les filles au nom
en A que l’on a du mal à différencier. Et la grand-mère qui régente tout le
monde, sa fille qui semble invisible et son gendre pas très aimable.
Le roman couvre la première année
de la vie d’Emmanuel et raconte l’évolution de la famille pendant ce temps. La
pauvreté, les latrines au fond du jardin, le lit où on dort à plusieurs, les
plaisirs de l’alcool et de la masturbation, l’école où on envoie les enfants
sans trop savoir pourquoi, les noviciats qui recueillent certains enfants, mais
qui sont autant de mouroirs ou de lieux de vice, où les enfants sont soumis à
des adultes pas très nets. Une société hypocrite. De la neige et du froid.
Et surtout des mots. Ceux de Jean
Le Maigre qui garnit ses cahiers de poèmes et de romans au point où on ne sait
plus bien si on lit l’histoire de sa famille ou celle qu’il a inventée, exaltée,
exagérée, celle où il a un destin. Les mots d’Héloïse aux vocations
contradictoires. Il ne fait pas bon sortir de la norme dans ces fonds de
village. La langue de Blais où les corps ont leur place, avec leurs désirs,
leurs odeurs, leur chaleur un peu trouble. Une langue douce et simple qui cache
bien des complexités, entre le conservatisme de la société et les
revendications individuelles mal formulées. Le lecteur est pris dans le flou
des mots qui enveloppent tout et noie les impressions individuelles.
Difficile de savoir à quoi
pensent tous ces enfants.
Un magasin général comme en rêve Héloïse. M&M |
Merci Sylvie pour la lecture.
L’avis de Karine qui parle aussi
du contexte de parution.
J'aurai sûrement un Guillaume Vigneault pour toi si tu es intéressée naturellement !
RépondreSupprimerMais pourquoi pas ? Pour le moment, il me reste encore plusieurs livres québécois à lire, je ne vais pas vite.
Supprimerà ton rythme ;-)
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