La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 5 janvier 2018

Il n’est pas exclu que mon idée ne vaille pas tripette.

Agatha Christie, Une poignée de seigle, traduit de l’anglais par Marie Franck, parution originale 1953.

Une relecture récente d’un roman que j’aime bien (j’apprécie aussi le film de 1985). Rex Fortescue, un homme d’affaires à 2 mariages et aux affaires louches, est empoisonné à la taxine (un dérivé des baies d’if). On trouve une poignée de seigle dans sa poche. Ensuite, il y a encore deux meurtres et Jane Marple entre en scène avec son génie coutumier.
Qu’est-ce qui est particulièrement réussi dans ce roman ? Le policier n’est pas un imbécile et obtient plusieurs belles trouvailles. D’ailleurs les différents portraits de personnages sont réussis. Il y a aussi un ton familier, qui raille les prétentions des grandes et riches familles, tout à fait réjouissant.

Pourquoi ça ne tient pas la route ? aboya l’inspecteur Neele qui s’était un instant représenté la sculpturale miss Grosvenor en train de piler des baies d’if dans un brouet à base de thé pour finalement trouver l’image incongrue.

Ce roman se déguste avec des scones, du miel, du thé et une gorgée de whisky si j’en crois les affirmations de Wikipedia.
 
Constable, Deux ânes, 1810-1824, musée de Philadelphie.


Agatha Christie, Le Miroir se brisa, traduit de l’anglais par Michel Averlant, parution originale 1962.

Rare cas d’un roman policier dont je me rappelle parfaitement les tenants et les aboutissants. Il faut dire que le motif du meurtre a failli me concerner directement. Mais un des grands charmes de cette lecture provient du fait que nous sommes à Saint Mary Mead, après la Seconde guerre mondiale. Le petit village a changé. Un lotissement de pavillons est apparu, ainsi qu’un supermarché et de jeunes femmes au foyer permanentées. Rien ne va plus. À moins que les vieilles grincheuses ne regrettent tout simplement leur jeunesse. Jane Marple n’en fait assurément pas partie. La voici bientôt en train d’essayer de repérer les invariants du caractère humain et la réalité des personnalités sous les apparences (à ce moment, la lectrice ébahie réalise que Jane et le narrateur de La Recherche se ressemblent plus qu’il n’était prévu). Ce contexte rend le livre tout à fait savoureux.
Ceci dit, je trouve qu’à la fin on n’a pas tous les tenants et les aboutissants de tous les meurtres. Tsss.

Et miss Knight ne se fut pas plus tôt esquivée que miss Marple attaqua :
- Et maintenant, Dolly, vous étiez là-bas et…
- Je l’ai pratiquement vu faire, oui, se rengorgea Mrs Bantry, qui avait le triomphe modeste.
- Quel bonheur ! s’exclama miss Marple. Je veux dire… bah ! vous savez très bien ce que je veux dire. Comme ça, vous allez pouvoir me conter par le menu tout ce qui s’est passé depuis l’instant précis où elle est arrivée.

Ce roman-ci se lira plutôt accompagné d’un martini ou d’un cocktail au nom exotique.



10 commentaires:

cbeauzac a dit…

how lovely! it seems delicious!

miriam a dit…

pourmoi, Agatha se savoure avec du thé dans une énorme théière!

nathalie a dit…

Comment résister à Jane ?

nathalie a dit…

J'ai adapté mes conseils au contenu de l'intrigue !

Dominique a dit…

Agatha je la relis quand j'ai le moral en berne et envie d'aucune lecture, ça marche toujours

nathalie a dit…

Dans le train pour moi, un trajet interminable, Agatha le fait passer très court, c'est un vrai soulagement.

claudialucia a dit…

Tu as failli être murdered, toi ? Tu piques ma curiosité. faut-il aller lire le livre pour en savoir plus?

nathalie a dit…

Ah bah si je raconte, c'est toute l'intrigue du livre qui est dévoilée !

Lilly a dit…

J'ai lu "Le Miroir se brisa" après avoir découvert l'histoire dont Agatha Christie s'était inspirée (ouf que tu n'aies "que" failli être concernée), mais j'avais bien aimé. Je ne connais pas le premier en revanche, et ça me tente bien.

nathalie a dit…

Une qui me comprend ! C'est ma mère qui me l'a raconté quand on a vu l'épisode à la télé (sinon je ne serais pas là...).