La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 7 septembre 2018

Je suis assez fou pour croire que la vie doit être un roman.

Leslie Charteris, Le Saint. L’héroïque aventure, adapté (sic) de l’anglais par E. Michel-Tyl, parution originale 1930, édité en France par Fayard puis le Livre de Poche.

Le Saint fait partie de ces héros de feuilleton d’aventures dont on lit les aventures dans de vieux volumes jaunis (et c’est bien agréable). Simon Templar, aventurier justicier, bel homme, la parole joyeuse, plein de ressources, n’hésite pas à tuer, très élégant, travaille non pas avec une bande, mais avec un ou deux comparses avec qui il discute de ses affaires de cœur. En l’occurrence, une jeune fille très riche est enlevée. Ce rapt est un élément d’un complot plus vaste, visant à ce que la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne (oui, c’est crédible, bande de grincheux). L’Allemagne joue clairement le mauvais rôle et Templar combat du côté de la civilisation (comme Arsène Lupin).
Un roman qui se lit avec grand plaisir, sans temps mort, très bien fichu. Il y a une voiture, un train, un avion, un bateau, des déguisements, des bagarres. Un seul personnage féminin, mais à la psychologie plutôt bien construite et n’hésitant pas à tenir les armes. L’ensemble exprime légèreté, insouciance et joie de vivre.

Après tout, si un aventurier n’avait plus le droit de plaisanter, autant valait se retirer des affaires, engager l’artillerie au mont-de-piété et se faire faire, avec la somme ainsi obtenue, une belle « indéfrisable ».


Cette lecture faisait partie du défi Destination PAL auquel j’ai participé tout l’été. Bilan largement positif pour ma part. J’ai profité de l’été pour poursuivre ma découverte de certains auteurs (Calvino, Carpentier, Buzzati...). Je suis surtout ravie d’avoir lu des livres de tout petits éditeurs pas connus : Le Maquilleur de cadavres de Jaime Casas édité à l’Atelier du Tilde et Le dernier feu de Maria Borrély aux éditions Parole. Ça fait du bien aussi ! 
Merci Capitaine Lili pour la conduite de la croisière.
Et maintenant, continuons à lire et surtout à relire.
  

Nathan Wachtel, La Foi du souvenir. Labyrinthes marranes, 2001, édité au Seuil.

J’avais envie de relire ce livre à la frontière entre l’histoire et l’anthropologie (premier billet ici). Wachtel se penche sur l’œuvre terrible de l’Inquisition dans les possessions espagnoles et portugaises du continent américain. Décortiquant avec attention les procès-verbaux du Saint Office, il retrace les parcours de vie de ceux qui sont « nouveaux chrétiens » (en opposition aux vieux chrétiens), descendants de juifs convertis au catholicisme, souvent originaire du Portugal, errant entre le vieux et le nouveau monde, qui ont péri sur les bûchers à Lima. Il y est beaucoup question d’identité. Ces gens sont chrétiens et juifs, tout à la fois, ou vaguement déistes. C’est quoi être juif quand on est marrane, que l’on ignore l’hébreu, que l’on n’a jamais vu une synagogue, que l’on ne connaît le judaïsme que par les textes de loi qui l’interdisent ? Ce sont les quelques rites communs à une famille ou à une parenté, des rites secrets, sans que l’on sache à quoi ils correspondent. L’ouvrage court jusqu’au XXesiècle. Wachtel a rencontré des Brésiliens qui ont découvert, un jour, qu’ils étaient juifs. Jusqu’alors ils l’ignoraient, ne sachant à quoi renvoyait cette bougie du vendredi soir.
C’est une lecture passionnante.

4 commentaires:

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