La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 21 janvier 2019

Ils commencent à apprécier l’ambiance.

Céline Minard, Bacchantes, 2019, édité chez Rivages.

Une fantaisie policière.
L’action se déroule à Hong-Kong, quelques heures avant l’arrivée d’un typhon, dans une forêt où des bunkers britanniques ont été aménagés en cave ultra-sécurisée pour stocker du vin ultra-cher. Sauf que le système a été piraté et que les… bandits ? sont retranchés à l’intérieur, avec les bouteilles. Le roman raconte cette étrange prise d’otages.
Les bandits sont des bandites, trois femmes : l’une au physique de star de cinéma, une clown, une ancienne de l’armée israélienne. Mais que veulent-elles ? S’intéressent-elles au vin ? Et qui est Ethan Coetzer, le propriétaire et gestionnaire de cette cave blindée ? Il a sûrement des secrets à cacher.
Dans ce tout petit roman (100 pages), Minard se livre à une fantaisie sur le thème de la prise d’otages hyper technologisée, comme on peut en voir dans certains films ou séries policières. Tout est bardé de micros, d’explosifs et de trucs savants, mais seule la flic semble encore croire à cette fiction de la force et de la supériorité de l’ordre. Ici, un nez rouge, des escarpins, un rat, des bouteilles de vin transformées en quille, tout porte à la dérision. On ne saura pas vraiment ce que veulent ces bacchantes, ni ce que cache Coetzer, mais ce qui compte, c’est de mener l’aventure jusqu’au bout. De toute façon, le typhon dévastera tout.
Ce roman n’a pas l’ambition de Faillir être flingué, mais il constitue une lecture très agréable. Je me suis laissée porter par le récit, car j’attendais le dénouement avec impatience. Petite habileté : il est écrit d’une façon très rapide, avec des précisions bizarres – mais pourquoi donc Jackie Thran pile-t-elle du poivre ? – avec beaucoup d’implicites, sans doute en écho aux sous-entendus menaçants prononcés d’une voix grave dans les séries adéquates, ce qui contraint le lecteur à être attentif et à élaborer ses propres hypothèses. Un roman qui titille !
Un polar grand guignol qui ne se prend pas au sérieux, mais mené de main maître par les femmes. 

Le propriétaire prend son temps avant de répondre, il marque encore une légère hésitation. Mais il l’admet quand même.
- Ils ont du goût. Ce sont des connaisseurs, d’une façon ou d’une autre. Peut-être des esthètes.
- Des esthètes qui pissent dans des bouteilles à quatre cents dollars ?
Jackie Thran n’est pas patiente, les gens soi-disant inspirés ont tendance à l’irriter.
- Le message est difficile à interpréter, avance Marwan Cherry.


Cécile Minard sur le blog :
 
Dalou, Bacchanale, plâtre, 1891, Petit palais.

2 commentaires:

keisha a dit…

Ils en parlaient hier au Masque et la plume, et j'ai éteint assez vite, craignant qu'on n'en dise trop. Surtout si le livre est court! J'aime cette auteur vraiment intéressante et originale. On verra!

nathalie a dit…

J'aimerais lire ses premiers. Je n'aime pas également tous ses romans mais elle essaie toujours de surprendre et de se renouveler, alors ils m'intéressent.