La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 28 mars 2019

Il se mit à respirer longuement, buvant de l’air comme les ivrognes boivent du vin.

Guy de Maupassant, Clair de lune, 1883.

Il s’agit d’un recueil rassemblant des nouvelles très courtes, sans aucun lien entre elles, sinon la virtuosité de l’auteur.
Dans Clair de lune, la suavité de l’air et la douceur de l’amour s’imposent à un ecclésiastique un peu sévère, car Maupassant s’y connaît à explorer les tréfonds du cœur humain.

Il portait bien son nom de bataille, l’abbé Marignan. C’était un grand prêtre maigre, fanatique, d’âme toujours exaltée, mais droite. Toutes ses croyances étaient fixes, sans jamais d’oscillations. Il s’imaginait sincèrement connaître son Dieu, pénétrer ses desseins, ses volontés, ses intentions.

Il y a une histoire de chasse merveilleuse, une histoire d’amour entre un chien et son maître, une vieille paysanne qui n’en finit pas d’agoniser, une histoire fantastique, plusieurs histoires de mariages plus ou moins réussis.
Une nouvelle hilarante sur la fin de la guerre de 70 et les débuts de la République dans un fond de bled avec un médecin de campagne qui se prend pour Napoléon ou Gambetta. On découvre aussi la légende du Mont Saint-Michel, un lieu qui apparaît dans plusieurs romans de Maupassant.
Bref, c’est extra, lisez tout Maupassant !
 
Renoir, Fraises, 1905, Orangerie.
Le seul fait de tenir des armes, de manier des fusils à système affolait ces gens qui n’avaient jusqu’ici manié que des balances, et les rendait, sans aucune raison, redoutables au premier venu. On exécutait des innocents pour prouver qu’on savait tuer ; on fusillait, en rôdant par les campagnes vierges encore de Prussiens, les chiens errants, les vaches ruminant en paix, les chevaux malades pâturant dans les herbages.

J’aime la nuit avec passion. Je l’aime comme on aime son pays ou sa maîtresse, d’un amour instinctif, profond, invincible. Je l’aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent.

Maupassant sur le blog :
Au soleil (suivi de La Vie errante) - Bel-Ami - Boule de suif - Contes de la bécasse - Contes et nouvelles de la campagne (Pays de Caux, vol. 2) - Dimanches d'un bourgeois de Paris (les) - Fort comme la mort - Horla (le) - Maison Tellier (la) - Mont-Oriol - Moustache (la) - Notre coeurPetite Roque (la) - Pierre et Jean - Une vie
Le Horla, adaptation BD par Guillaume Sorel.

2 commentaires:

Dominique a dit…

Maupassant et la nouvelle : un must, par contre les éditeurs s'ingénient à publier republier et du coup on fait souvent mauvaise pioche en se retrouvant avec une partie de nouvelles déjà lues grrrrr

nathalie a dit…

Oui je suis d'accord, on a un eu de mal à s'y retrouver dans tous ces recueils plus ou moins factices.