La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 18 avril 2020

Le procès de Jésus

Parcours au long de la Passion du Christ, parmi les photographies de l’ordinateur.
Dans la vraie vie, Pâques était la semaine dernière. Ici, le Christ vient tout juste d’être arrêté.
Et ensuite, que se passe-t-il ?

Jésus comparaît d’abord devant le Sanhédrin, devant lequel il se proclame Messie. Attention, le Reniement de Pierre dont je vous ai parlé la semaine dernière a lieu pendant cet interrogatoire (la chronologie est serrée !).
Jésus comparaît ensuite (le vendredi matin) devant Ponce Pilate. C’est finalement Pilate qui prononce la condamnation à mort.
Jésus est ensuite flagellé en étant attaché à une colonne.
Les soldats (romains ? ou recrues locales ?) revêtent Jésus d’une tunique pourpre et le nomment par dérision Roi des Juifs avec une couronne d’épine.
Je vous rappelle que la couronne d'épine (ou du moins l'une d'elles) est conservé à la Sainte Chapelle à Paris, grâce à Saint Louis.
Honneur au magnifique Christ à la colonne de Liberale da Verona (fin XVe, Petit Palais d'Avignon), qui ressemble beaucoup à un Ecce homo avec son cadrage resserré à mi-corps. Corps athlétique et martyrisé, avec ces infimes larmes transparentes au bord des yeux. C'est un tableau très pathétique et lumineux, grâce à l'éclat qui se dégage de ce corps et de ces cheveux dorés. Merveilleuse technique de la peinture à l'huile, tout en éclat et transparence !

Ce tableau-ci est contemporain ! Cette flagellation est due à l'entourage de Martin Schongauer (visible à Colmar Unterlinden. Nous sommes en effet également vers 1480. Le plan est plus large et les bourreaux cernent le Christ dont le pauvre corps, tout malingre, se couvre de sang. Il y a quelque chose de dansant dans ces silhouettes.

Un vitrail, datant lui aussi de 1480-90, sans doute réalisé en Allemagne et visible aux Cloisters. Vous notez le sol carrelé façon perspective florentine, l'architecture gothique, les corps qui sont un peu des silhouettes désarticulées, le costume contemporain, les bonnets à l'orientale - là encore les bourreaux sont plus juifs que romains (les textes ne sont pas très clairs sur le sujet). Mais cette grisaille n'est plus du tout médiévale !

Beaucoup plus tard, en 1618, Bartolomeo Manfredi représente Le couronnement d'épines (Florence, Offices). Je n'ai pas le tableau en entier, mais seulement le détail de cette figure pathétique. Rouge du sang et rouge de la tunique (ici, costume à l'antique et clair-obscur dans la lignée du Caravage).

Ce Christ à la colonne (sculpté à la fin du XXe siècle par Josep Maria Subirachs) se trouve à l'un des portails de la Sagrada familia de Barcelone (retrouvé in extremis dans l'ordinateur !). Et... il ressemble furieusement à Samson brisant la colonne soutenant le temple des Philistins. C'est que Jésus, par son martyre, s'apprête à faire s'écrouler l'ancien monde.


Je simplifie outrageusement le récit, qui regorge d'incertitudes, de contradictions et de détails symboliques. Je rappelle que le prétexte de ces billets n'est ni l'histoire ni la théologie mais le plaisir de farfouiller parmi les centaines d'images contenues dans mon ordinateur et de voyager parmi la diversité des oeuvres d'art. Ce qui explique ce petit bazar.

Les semaines précédentes : Je vous ai montré des natures mortes (XVIIe et XIXe siècles) en prenant prétexte du Carême. Puis vous avez eu les RameauxLa Cène et le Lavement des pieds. Puis, la nuit au Jardin des Oliviers et l'arrestation du Christ.

La semaine prochaine, nous verrons l'homme.

4 commentaires:

keisha a dit…

J'arrive en retard, mon agrégateur de flux étant en panne... Mais de toute façon, billet fort intéressant, comem toute la série d'ailleurs.

claudialucia a dit…

Celui de Liberale da Verone est en effet très lumineux. Je trouve surprenant le Christ colonne de La Sagrada et sa double interprétation.

nathalie a dit…

Le sujet est éternel, on peut prendre 3 jours de délai. Merci de ton intérêt constant !

nathalie a dit…

Tu dois bien connaître le panneau de Liberale, vu qu'il se trouve à Avignon.
J'ai été étonnée par la Sagrada. Je l'ai vu, mais sans la confirmation de Wikipedia, je n'aurais pas tranché en faveur d'une image du Christ. C'est vraiment original !