La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 25 juin 2020

Il ouvrit la portière du taxi jaune avec la douceur d’une vieille fille caressant son chat.

Raymond Chandler, des nouvelles dans un gros volume édité chez Omnibus.

L’été lecture s’ouvre par du noir. Ayant fini la lecture des enquêtes de Philip Marlowe, j’attaque les nouvelles de Chandler (et après je relirai, vous êtes prévenus).
Le héros est détective privé, mais on ne le sait pas toujours. Il arrive qu’il ressemble à un maître chanteur ou à un joueur professionnel. Il est armé d’un Colt (et d’un petit révolver caché le long de la jambe). Il se nourrit de whisky et d’un peu d’eau. Il a le sourire impénétrable et ne se laisse pas déstabiliser. Il est méprisant envers tout ce qui n’est pas un viril homme blanc. Il évolue dans un monde hyper corrompu.
Il y a cette écriture rapide, qui ménage des effets de surprise et avance très rapidement. C’est une langue ciselée, où chaque mot joue son rôle à la perfection. C’est une merveille à lire.

Les Maîtres chanteurs ne tirent pas, 1933, traduction d'on ne sait pas qui révisée par J.-F. Amsel.
Pas très réussie à mon goût, parce que Chandler place autant de complexité dans une nouvelle que dans un roman de 200 pages, et là je suis totalement perdue. Je note avec un sourire la désinvolture avec laquelle il considère la résolution d’une intrigue policière, en proposant 3 ou 4 solutions différentes. Au personnel politique et policier (et au lecteur) de choisir celle qui l’arrange – puisqu’il n’y a aucune vérité.

Il leva le Lüger et enfonça la gueule du revolver sur le côté de son gros nez, avec force. L’arme laissa une trace blanche qui vira au rouge. Costello parut un peu mal à l’aise.

Un crime de jobard, 1934, traduction de Janine Quet et Jean Sendy, révisée par Anne-Sophie Arnould. 
C'est l'histoire du meurtre d’un type un peu fini à Hollywood, avec pas mal de fusillades.
L’Indic, 1934, traduction de Janine Quet et Jean Sendy, révisée par Anne-Sophie Arnould. 
La disparition d’un homme : une histoire bien menée avec un chauffeur de taxi qui ne se laisse pas faire par les malfrats.
Un tueur sous la pluie, 1935, traduction de Michel Philip, en collaboration avec Andrew Poirier.
Une histoire comme une préparation au Grand sommeil, tous les ingrédients y sont déjà, la trame, ainsi que certaines formules. On a affaire à une mécanique bien rodée !

J’y trouvai M’Gee contemplant un mur jaune et assis à un petit bureau jaune sur lequel il n’y avait rien sauf le chapeau de M’Gee et un de ses pieds. Il les enleva tous les deux du bureau, et nous descendîmes jusqu’au garage et montâmes dans un petit coupé noir.

La Mort à roulettes, 1953, traduction de Jean Sendy, révisée par J.-F. Amsel. 
Une super histoire de meurtres avec une voiture truquée et même une voiture qui se dédouble. Ici, enfin, apparaît une femme fatale, qui trahit et sauve la vie, se saoule et se peint les ongles en rouge vif.

Bref, je continuerai à lire ce recueil.
S. Johnson, Dorothy C, 1938 lithographie, Met.
Raymond Chandler sur le blog :

4 commentaires:

keisha a dit…

J'ignore ce que j'ai lu de cet auteur (le grand sommeil?)

nathalie a dit…

Je crois que je suis assez fan pour (re)lire un roman de Chandler ou un de Hammett chaque année ! En boucle.

Lili a dit…

Non mais les vieux polars noirs ! C'est toujours un régal. J'en ai justement mis un dans ma PAL estival cette année.

nathalie a dit…

Oui, c'est totalement daté, mais c'est goûtu !