Charles Baudelaire, « Spleen », Les Fleurs du mal
J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C’est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
– Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s’acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l’odeur d’un flacon débouché.
Rien n’égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L’ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l’immortalité.
– Désormais tu n’es plus, ô matière vivante !
Qu’un granit entouré d’une vague épouvante,
Assoupir dans le fond d’un Sahara brumeux ;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l’humeur farouche
Ne chante qu’aux rayons du soleil qui se couche.
Le retour de la poésie sur le blog ? Pour deux semaines seulement ! Je sors de ma grotte, je tente de revoir quelques amis et ma maman et ma soeur et d'arpenter quelques musées et je reviens très vite.
En balade? Sois prudente!
RépondreSupprimerJe te promets que je prends le maximum de repas en plein courant d'air et que je rentrerai avec le rhume.
SupprimerToo young to be sick ! Profite de l'Ouest et des petites villes
RépondreSupprimerPour l’instant je ne suis dans une très grosse ville !
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