La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 19 octobre 2020

La rose ne cherchait pas l’aurore.

 Federico García Lorca, "L’Aurore", Poète à New York, 1930, traduit par Pierre Darmangeat.

L’aurore de New York

a quatre colonnes de vase

et un ouragan de noires colombes

qui barbotent dans l’eau pourrie.

 

L’aurore de New York gémit

dans les immenses escaliers,

cherchant parmi les angles vifs

les nards de l’angoisse dessinée.

 

L’aurore vient et nul ne la reçoit dans sa bouche

parce qu’il n’y a là ni matin ni possible espérance.

Parfois les pièces de monnaie en essaims furieux

percent et dévorent des enfants abandonnés.

 

Les premiers qui sortent comprennent dans leurs os

qu’il n’y aura ni paradis ni amours effeuillées ;

ils savent qu’ils vont à la fange des nombres et des lois,

aux jeux sans art, aux sueurs sans fruit.

 

La lumière est ensevelie sous les chaînes et les bruits

en un défi impudique de science sans racines.

Il y a par les faubourgs des gens qui titubent d’insomnie

comme s’ils venaient de sortir d’un naufrage de sang.




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