La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 23 février 2021

C’est comme une fascination de vivre cette époque si étrange dans les souvenirs des autres.

 Leonardo Padura, La Neblina del ayer (Les Brumes du passé), parution originale 2005.

 

Mario Conde a quitté la police depuis plusieurs années. Il vit à présent en achetant et vendant des livres d’occasion. Il tombe par hasard sur une merveilleuse et ancienne bibliothèque, un trésor faramineux. Mais entre les pages d’un livre il trouve une coupure de journal à propos d’une chanteuse des années 50… Le mystère commence. Un cadavre suivra.


Ils étaient des milliers, la musique était dans l’air, on pouvait la couper au couteau, il fallait la pousser pour pouvoir passer.


Un roman qui nous plonge d’abord dans les merveilles des éditions anciennes cubaines, livres d’histoire, de géographie, de sciences naturelles, de cuisine, publiés au XIXe siècle et surgis intacts du passé. Il y a aussi le milieu des chanteuses de boleros des années 50-60 quand le monde entier se retrouvait à La Havane pour danser et boire dans les cabarets durant des nuits entières. Des silhouettes qui furent célèbres et qui s’évanouissent peu à peu, dont il ne reste qu’un disque à deux chansons et presque rien. Enfin, il y a la ville misérable des années 2000, avec la crise et la pénurie généralisée, des gens qui ont faim et qui errent dans des pièces vides, des trafiquants de drogue, des taudis qui s’entassent là.

Tout cela est très nostalgique et mélancolique (un poil ringard aussi), mais agréable à lire, malgré (il m’a semblé) quelques longueurs un peu convenues. J’ai apprécié les deux thématiques, bibliophiliques et musicales, qui se croisent sans cesse, les personnages qui gravitent autour de Conde (surtout Yoyi) (le beau gosse a une Chevrolet Bel Air) et l’ambiance qui fait alterner les verres de rhum, les cafés et les cigares.

Je l’ai lu en VO, progressivement, en plusieurs semaines. Je n’ai pas tout compris (loin de là) mais le vocabulaire est rarement bloquant. C’est un espagnol assez simple. On y apprend plein de gros mots aussi (j’espère que les profs le font lire au lycée), d’expressions familières et imagées. Il y a un très bon sens du dialogue.

Un hommage au roman noir, au roman d’atmosphère (Chandler est cité), avec une femme mystérieuse et peut-être fatale, une voix ensorcelante.


P. Colin, Joséphine Baker, Mucem


Tú eres el personage más loco y más comemierda que conzoco, pero me gusta andar contigo. ¿Sabes qué, men ? Tú eres el único tipo legal con quien trato en este y en estos mis negocios. Eres como un cabrón marciano. Como si fuera de mentira, vaya.

 

Tu es le gars le plus fou et le plus mange-merde que je connaisse, mais j’aime bien être avec toi. Tu sais quoi, mec ? Tu es le seul type fidèle à la loi avec qui je fais des affaires. Tu es comme un enfoiré de martien. Comme si tu étais faux.

 

Traduction personnelle.

Bizarrement, "comemierda" n’est pas dans mon Diccionario Salamanca. J’ai traduit les men qui scandent les phrases de Yoyi par « mec », mais bon... sacré Yoyi.

 

Le billet de Claudia Lucia sur le roman.

 De Padura, j'ai aussi lu Adios Hemingway.

Bon pour le mois latino américain de Goran et Ingannmic.


8 commentaires:

keisha a dit…

J'ai découvert Padura avec ce roman, ensuite;.. j'ai dévoré plein de ses romans!Le latino américain, chez moi, c'est tout ou rien ^_^

Dominique a dit…

c'est un bon compagnon Padura, à lire en espagnol ce doit être un peu surprenant question vocabulaire en effet

nathalie a dit…

J'ai été mitigée sur le précédent que j'ai lu. Je pense qu'il y a des facilités qui m'agacent si je le lis en français, je m'accroche plus en espagnol. Les dialogues sont vraiment bien.

nathalie a dit…

Disons que ce n'est pas ampoulé. Je regrette de ne pas avoir pris de notes, car il y a des formules imagées et des expressions peu utilisées en Espagne, des gros mots et tout, c'était vraiment plaisant.

miriam a dit…

Justement je viens d ouvrir Hérétiques ! Et je depoussiere mes carnets cubains

nathalie a dit…

J'en relirai d'autres, certainement en espagnol, ce n'est pas très difficile à lire. Dès que je peux retourner à la librairie en VO d'Aix en Provence.

claudialucia a dit…

Je voulais absolument lire un Padura avant la fin du mois de Goran et Ingammic mais je ne sais si j'y arriverai. Mais il est là, près de moi et je le lirai.
J'ai été plus enthousiaste que toi sur brumes du passé. Tu as quand même des restrictions?

nathalie a dit…

Des réserves. Je trouve que certaines évocations (La Havane contemporaine avec drogue et pauvreté, mafia ou l'époque des cabarets) est un peu convenue. Cela ne m'a pas vraiment gênée, mais c'est une petite faiblesse dans un roman qui vaut surtout pour les relations entre les personnages.