La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 29 novembre 2022

On est tous une gang d’enfants blessés d’une façon ou d’une autre qui jouent à être adultes.


Virginia Pésémapéo Bordeleau, Ourse bleue, 2007.

 

La narratrice, Victoria, voyage avec son compagnon dans la région de baie James au Québec. Elle remonte les souvenirs de l’enfance et de la famille maternelle, chez les Cris, rencontrant des cousins et se remémorant. Très vite elle souhaite apporter la paix à l’esprit d’un grand-oncle parti chassé il y a longtemps et donc le corps n’a jamais été retrouvé. Mais si les premiers souvenirs familiaux sont ceux de la petite enfance, de la douceur et des jeux, très vite il est question d’une famille fracassée par l’alcool et le désespoir, à l’identité détruite et peinant à se rassembler.


Si j’obtiens des bénédictions, qu’elles s’étendent sur ma famille présente, mais aussi sur mes ancêtres et les générations futures !


Ce roman nous offre une fenêtre sur le monde chamanique des Cris.

Je me perds un peu dans les frères et sœurs, oncles et tantes, cousins et cousines, mais ce n’est pas très grave. Est-ce que toutes les familles ne sont pas des endroits où l’on se perd quand on y est extérieur ?

Je suis frappée à sa relecture par son double balancier, entre espoir et désespoir (oui, certains parleraient de « résilience »). L’évocation des déchirements et de la famille des familles autochtones est terrible. Parallèlement, l’amour et l’amitié, les photos des moments heureux, les souvenirs réconfortants, le lien profond avec la nature, tout comme la culture et le sens de l’humour, sont là pour aider Victoria à tenir debout et à avancer.

Il y a des pages très tristes, qui donnent envie de pleurer, et puis vient l’apaisement et même un peu de sourire.

Un joli petit livre, très touchant.

 

Nous parlons longuement des ramifications familiales. Les nombreuses progénitures des Nédéniyumin devenus Domind, dont les filles suivaient leurs époux vers d’autres communautés : Némaska, Waswanipi, Mistissini… Le temps distançait alors des liens maintenus vivants par voie orale ou par l’écriture syllabique.

 

Lire au QuébecUne autrice.

 

Mon premier billet.


2 commentaires:

keisha a dit…

Hum, j'imagine que les noms et liens n'ont pas tellement d'importance, si tu te laisses emporter?

nathalie a dit…

Pour moi ils ne sont pas tous essentiels mais je fais partie des gens pas du tout gênés par le fait de me perdre un peu dans un livre. J'en connais qui sont allergiques et qui font des tableaux généalogiques.