La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 13 juin 2023

Voici une histoire grecque. Lecteur, attention : tu vas bien t’amuser.

  

Apulée, Les Métamorphoses ou L’Âne d’or, publication originale IIe siècle ap. J.-C., traduit du latin par Danielle van Mal-Maeder, lu dans l’anthologie Romans grecs et latins dirigée par Romain Brethes et Jean-Philippe Guez, éditée par les Belles Lettres en 2016.

 

C’est un jeune homme, curieux et érudit, qui voyage en Grèce – on est au IIe siècle de notre ère – qui est curieux de toutes ces histoires de magie et de sorcellerie et qui se retrouve transformé en âne. À la suite de quoi, il est volé, utilisé par des brigands pour transporter leur butin, il se sauve, mis au service d’un meunier, vendu, revendu, menacé de finir en rôti, etc. Comme un âne n’a pas seulement de longues oreilles, il a aussi de voluptueux moments avec une dame très noble. Enfin, grâce à la déesse Isis, il retrouvera forme humaine.


Me résignant à mon malheur présent, je rongeai mon foin, façon âne.


Entre temps, il a assisté à de nombreuses aventures et entendu raconter de nombreuses histoires. Ce sont ces histoires qu’il nous rapporte. Il est question de meurtres atroces, de femmes adultères, de sorcières, de dragons, de droiture et de cruauté. Il y a aussi la fameuse histoire de Psyché et Cupidon qui constitue un récit à part entière. On y voit Cupidon en adorable jeune homme et Vénus en ignoble mégère.


Tonitruant de la sorte, elle s’élança promptement hors de la mer pour regagner sa chambre tapissée d’or, où elle trouva son fils malade comme on le lui avait dit. Elle n’avait pas encore franchi le seuil qu’elle se mit à beugler à pleins poumons : « C’est du propre ! Digne de notre famille et de notre vertu ! Tu t’unis à elle, toi, un enfant, tu t’accouples de façon indécente alors que tu n’en as pas l’âge, et pour m’infliger, semble-t-il, cette ennemie comme belle-fille ! »

C’est donc la mère, Vénus, à son fils, Cupidon.


C’est que le ton est satirique. Notre petit érudit connaît bien tous les clichés de la littérature épique et de la poésie de son temps. L’Aurore aux doigts de rose, le char céleste et l’alouette au chant fluté saluent les différents matins de sa triste vie d’âne bâté. Toutes et tous en prennent pour leur grade, même les grands prêtres d’Osiris qui ont bien besoin d’argent, mais aussi les petits filous des petites religions vivant aux crochets des crédules.

 

Psychée, marbre romain d'après un modèle grec, Rome musées capitolins

Il y avait là un jeune homme bien vigoureux, un remarquable joueur de flûte, qu’ils avaient acheté à l’état des esclaves avec l’argent provenant de leurs collectes. Dehors, quand ils promenaient la déesse, il leur emboîtait le pas en jouant de son instrument ; à la maison, en revanche, il fonctionnait comme concubin communautaire en rendant des services pêle-mêle. Dès qu’il me vit emménager, tout réjoui, il me servit une copieuse ration de nourriture et s’exclama le sourire aux lèvres : « Te voilà enfin, tu vas pouvoir me remplacer pour les corvées. Puisses-tu vivre longtemps et plaire à mes maîtres, pour soulager un peu mes reins exténués ! » En entendant cela, je m’imaginais déjà les nouvelles épreuves qui m’attendaient.

 

L’introduction m’apprend qu’Apulée traduit, adapte, transpose et enrichit des histoires déjà connues de son temps. Tout ce que je peux dire, c’est que c’est brillant.

 

Dans ce même volume, j’ai lu :

Callirhoé de Chariton dont je garde un bon souvenir, de roman romanesque d’aventure et d’amour.

Les Éphésiaques de Xénophon d’Éphèse, oubliable à mon avis.

Le Satiricon de Pétrone, mais oui, un classique à lire.

Leucippé et Clitophon ( ???) d’Achille Tatius dont je n’ai aucun souvenir. Et d'ailleurs je n'ai même pas rédigé de billet.


Et il me reste encore deux titres à lire. Patience.



 

 

8 commentaires:

keisha a dit…

Les bras m'en tombent, des classiques latins, j'aime ces surprises; autant te dire qu'à part le nom de l'auteur et le titre (quand même) je ne connais rien.

nathalie a dit…

Ça se trouve en folio tu sais, si toi aussi tu veux publier des articles audacieux sur ton blog !

Dominique a dit…

J'ai lu ce livre il y a bien des années, j'aime la littérature grecque ou latine donc j'ai lu à peu près tous les grands textes et celui là en fait partie
je me souviens de ma lecture mais pas dans le détail alors ça fait du bien de te lire

nathalie a dit…

Je l'avais déjà lu aussi, mais ça m'a fait plaisir d'y revenir. Certains textes sont inépuisables.

je lis je blogue a dit…

J'ai tenté de lire quelques classiques grecs et latins quand j'étais (plus) jeune mais c'était un peu laborieux. Il n'est pas impossible que j'accroche mieux aujourd'hui. Pour ce type de lecture, je profite des vacances...

nathalie a dit…

Il faut peut-être un peu d'expérience de lecture, car cela peut être déstabilisant. Mais en général ils sont assez courts, jamais plus de 200 pages.

Marilyne a dit…

Ah, tu me donnes envie ! Cela fait un moment que je veux revenir à la littérature antique. J'ai lu plutôt le théâtre, bien peu le romanesque. Un de mes projets qui traîne façon bonne résolution : reprendre Les Métamorphoses d'Ovide.

nathalie a dit…

Je relirai aussi sans doute Ovide quand j'aurai fini ce gros volume. Je ne connais pas assez le théâtre j'avoue.