Un séjour à Dieppe

 

Vous avez passé plus de sept heures dans les trains, avec des correspondances dans des villes glaciales, vos articulations sont toutes vermoulues, et enfin vous sortez de la gare, saisie par la puissante odeur d’iode et les cris des mouettes : bienvenue à Dieppe !

Oui, le blog est à Dieppe. Je m’y suis rendue au mois de mai 2023, une envie de tournée normande. Le voyage a donc eu lieu avant celui de l’été (Bath + Cherbourg), mais je me suis dit que ce serait bien d’enchaîner Basse et Haute Normandie, plat Cotentin et falaises de craie. Et puis, ça nous oxygènera.

Le premier soir, à marée basse, sous la grisaille.

Donc Dieppe. J’y suis restée quatre jours du mois de mai. Il faisait environ 13 degrés – on dit vivifiant ! Moitié moins chaud que chez moi et nettement plus humide.

J’ai beaucoup aimé ce petit séjour dans une ville où j'étais déjà venue à plusieurs reprises, mais que je n'avais jamais vraiment pris le temps de découvrir.

La ville est petite, mais très charmante, avec moults maisons de brique et de pierre. Des petites maisons anciennes qui tournent le dos à la mer, son vent, son humidité, ses embruns, mais qui s’orientent vers le petit port de pêche.

(il y a plein de cafés pour se poser au chaud à l’abri de la pluie) (c’est la perspective humaine et sociale pour le mois Sous les pavés les pages).

La brique se porte chic, en chevrons Art déco, ou en motifs jacquards plus traditionnels, rehaussée par des ornements de céramique. Là, vous avez des maisons de toutes les époques.

Donc, Dieppe. Le nom provient d’un mot norois, les Vikings ayant fréquenté les lieux assez tôt. La ville vit ensuite au rythme anglo-normand : développement après la conquête normande de l’Angleterre, gros remparts, premier port de France au XVIe siècle, destructions, reconstructions, station balnéaire au XIXe siècle, lourd tribut payé aux bombardements de la Seconde guerre mondiale.

À gauche, l'église Saint-Jacques, église principale de la ville, un joli gothique tardif, avec de belles sculptures. À droite, l'église Notre-Dame-de-Bon-Secours, en brique, néobyzantine, qui se dresse en haut de la falaise et qui accueille de nombreux ex-voto. Il y a aussi un temple maçonnique (en brique) désaffecté, assez impressionnant.

Évidemment, la Seconde guerre mondiale est au cœur de l’histoire de la ville. Notez qu’en 1942 les Alliés ont tenté un premier raid sur les plages de Dieppe, essentiellement avec des troupes canadiennes. Ce fut un désastre, mais dont l’expérience a servi pour la préparation du débarquement.

 

Les relations avec le Canada sont d'ailleurs importantes. C’est de Dieppe et de Normandie que partirent bon nombre de Français explorateurs des contrées d’Afrique et d’Amérique (les patronymes normands sont attestés un peu partout). Si vous avez lu la BD Florida de Jean Dytar, cela vous dit peut-être quelque chose. Beaucoup de ceux qui se sont installés au Canada venaient aussi de Dieppe et d’ailleurs les maisons du quartier ancien de Québec ressemblent beaucoup à celles du quartier du Pollet. C'est enfin de Dieppe que partirent plusieurs centaines de "Filles du Roy", ces femmes envoyées là-bas pour servir d'épouses et de mères aux Français et peupler la Nouvelle France.

 

Là, vous voyez la Manche au fond et l'entrée du port, avec toute une partie des maisons qui se trouvent entre le port et la mer (vous avez dit humide ?). Ce sont majoritairement des maisons neuves, construites après la guerre, le lieu ayant concentré les bombardements. Le centre ville historique, mieux préservé, se situe un peu plus en retrait. Et au fond, les falaises.

Il y a une librairie qui fait salon de thé (La Grande Ourse).

Comme à Cherbourg, je suis allée au marché acheter du fromage et des yaourts, des fruits et de la brioche, et des crevettes. Notez que vous avez loupé la foire au hareng qui a eu lieu la semaine dernière.

Dans les semaines à venir, je vous parlerai donc du château de Dieppe, du château d’Arques et de Varengeville. Nous pourrons également randonner un peu !

 

 

Il faudra que j’y retourne. En effet, pour les professionnels du tourisme locaux, la saison semble commencer seulement en juin ou en juillet, mais pas du tout à l’occasion des ponts du mois de mai. Plusieurs sites que j’aurais aimé visiter étaient fermés ou ouverts seulement le week-end. Il faudra donc que j’y retourne en juillet août (pour visiter notamment le manoir d’Ango). C’était un peu déstabilisant pour quelqu’un qui vient de PACA – ici la saison touristique débute en mars, mais bon, je m'adapte facilement.

Tout de brique, de silex et de verdure.

Et puis après la pluie, vient le beau temps !

Dernière participation au mois Sous les pavés les pages d'Ingannmic et d'Athalie.