Gabriele Münter (1877-1962) est une artiste allemande expressionniste.
Elle suit des études d’art, notamment sous la houlette de Kandinsky avec qui elle vit durant quelques années. En 1909, elle achète une maison à Murnau. C’est là où elle réalise une grande partie de son œuvre, mais elle peint également les meubles et les murs de la maison. Avec d’autres artistes, elle crée en 1911 le mouvement du Cavalier bleu.
Pendant la Première guerre mondiale, après un passage en Suisse, elle se rend en Scandinavie. Elle représente les paysages du nord, mais aussi plusieurs artistes et intellectuelles dont elle fait connaissance.
Après la guerre, elle retrouve sa maison de Murnau, tout en participant à la vie artistique allemande et en séjournant à plusieurs reprises en France.
En 1937, elle est interdite d’exposition et elle se met alors en retrait. Elle cache aussi chez elle plusieurs œuvres de ses collègues, alors déclarés artistes dégénérés. C’est en partie grâce à elle que les œuvres du Cavalier bleu nous sont parvenues.
À partir des années 1950, plusieurs expositions lui sont consacrées à Munich et ailleurs. La maison de Murnau abrite aujourd’hui un musée, avec des œuvres de Münter et de Kandinsky et des objets folkloriques, car elle en collectionnait pas mal.
Münter debout dans une barque en Haute-Bavière (1901, The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation à Munich). On a conservé plusieurs photos de la peintre, mais j'aime bien celle-ci, rieuse, décidée, avec le carnet de croquis sous le bras.
Autoportrait au chevalet (1908, Princeton University Art Museum). Tout autoportrait est un manifeste et celui-ci
a un ancêtre célèbre. L'artiste se tient face au spectateur, en belle tenue blanche, dont on imagine qu'elle ne peignait pas vraiment avec. Le chevalet, la palette et le pot de pinceaux sont les attributs de sa profession. La touche de rouge en plein milieu dit quelque chose de son rapport à la couleur. D'ailleurs, sous le chapeau, l'ombre n'est pas sombre, elle est verte.
La maison de Münter à Murnau (1931, Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbaus München). La grande et belle maison, avec sa toiture typique et ses volets verts. La végétation est abondante, moitié verte, moitié orangée. Là encore, une petite tache rouge en plein milieu, une silhouette à la fenêtre.
Rue de village en bleu (1911, collection privée). Sans doute à Murnau ou dans ses environs. On ne sait pas s'il s'agit de la lumière du soleil ou de la neige. L'ombre bleue a envahi la rue. Les grands pans de couleur s'articulent les uns avec les autres, dans un ensemble très dynamique, avec ces lignes un peu bancales (très expressionniste, pour le coup).
Dans la forêt III (1926, The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation à Munich). On se croirait dans un film expressionniste allemand, non ? Les lignes des résineux et celles du sentier, avec ces rouges-bruns alternés. À vrai dire, si j'ai photographié ce tableau, c'est parce qu'il me rappelle
la peinture d'Emily Carr, cette peintre canadienne presque contemporaine.
Les peupliers devant une montagne (1909, collection privée). Un bien beau paysage avec des couleurs vibrantes et des lignes harmonieuses. Les montagnes alternent couleurs pleines et couleurs que l'on pourrait croire transparentes, avec cet usage particulier du blanc. Et les arbres qui dansent devant, en vert et rouge.
Le Déjeuner des oiseaux (1934, National museum of women in the arts, Washington). Un tableau qui parlera à pas mal de monde, je pense !
Encore une fois, la composition est parfaitement harmonieuse et équilibrée. Elle respire aussi un grand apaisement - alors même que toutes les lignes sont assez dynamiques et que la couleur vibre - pas d'aplat uniforme ici.
Le rideau rouge encadre la scène et la fenêtre. La femme occupe la place du spectateur et nous tourne le dos. Les ustensiles du petit-déjeuner sont parfaitement disposés. Et place aux oiseaux, acteurs, chanteurs et héros du jour. Le tout dans une harmonie blanc, gris et rouge, un rouge délicat.
Esquisse avec un terrier (1920, The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation à Munich). Quelques traits suffisent à camper une scène que tout le monde voit tous les jours dans la rue, avec une femme qui essaie de se dépatouiller de la laisse et de cet adorable petit terrier. De la femme, on ne voit que les jambes en déséquilibre, une main et le bas du corps. C'est le chien qui est au centre. Un face à face frontal, mais très animé.
Petite fille dans une rue à Saint-Louis Missouri (1900). Petite fille en robe chic, avec le col, les souliers et les anglaises. La tête levée, curieuse. Sur le côté gauche, on voit distinctement la silhouette de Münter photographe. Et puis des femmes élégantes qui regardent la scène à l'arrière-plan.
20 ans séparent ce dessin et cette photographie, mais j'y vois le même humour et le même point de vue décalé sur les femmes et le monde en général.
La poète Eleonora Kalkowska lisant (1926-27, The Gabriele Münter and Johannes Eichner Foundation Munich). J'aime la virtuosité de ce dessin. Quelques traits pour le visage, qui rendent très bien l'expression et l'allure de la poète. Quelques traits pour les mains (et ce n'est pas facile de représenter les gestes des mains). Entre les deux, un vide, un vide qui est plein de la présence du modèle.
Portrait de Marianne von Werefkin (1909, Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München). Les couleurs flambent et vibrent, au service du visage, du sourire et du regard.
J'ai découvert Münter en deux temps. D’abord l’été dernier, à Montpellier, où étaient exposées des photographies qu’elle a prises dans le sud des États-Unis en 1900, au cours d’un voyage dans sa famille. Ses photographies étaient montrées aux côtés de celles d’Eudora Welty. Ensuite, il y a quelques semaines, au musée Thyssen-Bornemisza, à Madrid, où j’ai pu visiter une belle exposition qui lui était consacrée. Cette exposition sera visible au Musée d’art moderne de la ville de Paris à partir du 4 avril jusqu’au 24 août 2025. Donc je vous engage à vous y rendre (si vous n’avez pas eu la chance d’aller à Madrid).
La semaine prochaine, un peintre de l’ancien temps.
(tu as vu les anglaises de la fillette?)
RépondreSupprimerBon, j'aime, couleurs superbes, je note que c'est visible à Paris!!!
je ne connaissais pas du tout cette artiste j'aime bien comme ça élargir mes connaissances
RépondreSupprimerJe l'ai découverte en regardant un documentaire sur elle dans lequel sa relation avec Kandinsky, bien sûr, était évoquée.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup sa peinture. Moins Kandinsky, en fait.