Eudora Welty, Le Brigand bien-aimé, parution originale 1942, traduit de l’américain par Sophie Mayoux, édité en France par Cambourakis.
Un conte de fées au bord du Mississippi ?
Un riche propriétaire, très naïf, Clément Musgrove, père d’une adorable fille, Rosamonde (mais très menteuse), et marié à une horrible marâtre rencontre un homme aux belles boucles blondes… mais c’est un bandit ! Ou pas. Enfin si quand même.
C’est à la fois plein de merveilleux et très réaliste.
On entendait comme des bruits d’ailes, des bruits de hâte et de cavalcade, venus des voitures qui roulaient précipitamment dans les rues enténébrées, des gorges beuglantes, des bateliers, venus de toute la nature sauvage qui se gonflait et se contractait dans le vent, pressant son halètement farouche tout contre les petites galeries de Rodney, faisant basculer une cloche dans un des clochers, ébranlant le fort, abattant un arbre sur le champ de course.
Welty, Sans titre Oies, années 30 |
On est dans les temps très anciens. Les grands propriétaires ont des esclaves et les Indiens sont tenus pour peu de choses et les femmes sont des propriétés normales. Les bandits tuent vraiment, et volent et violent.
Mais les oiseaux parlent, les Indiens pratiquent la magie, une fille peut s’envelopper de ses cheveux et on retrouve des échos lointains de vieilles histoires (Psyché et Cupidon, Boucle d’Or, un conte de Grimm).
Et le récit est très ancré dans la nature américaine : les animaux et les plantes sont ceux des immenses forêts avant que les colons ne rasent tout et il y a le grand fleuve. C’est comme aux commencements du monde, tout semble possible ! D’ailleurs il y a un invraisemblable alligator – et un batelier du Mississippi qui raconte des histoires à n’en plus finir.
Une caille suivie de ses petits s’avançait sur le sentier embroussaillé, grasse comme la Reine en personne.
Il y a beaucoup d’humour dans toutes les petites comparaisons et les personnages sont volontiers tournés en ridicule, malgré leurs grandes qualités. Ils traversent de nombreuses vicissitudes, et le pauvre Clément verse de tristes larmes, avant que tout ne soit résolu.
C’est à la fois très charmant et très doué.
Il était si tôt qu’à la cime des arbres, tantôt on discernait du vert, tantôt on n’en voyait pas ; mais il y avait dans l’air comme une vibration verte. Un cardinal lança un appel : l’oiseau, lui aussi, s’était éveillé dans le noir, et il avait été purement et simplement contraint de pousser cette note unique avant que la lumière irisée du jour le fasse revenir à son chant habituel.
J’ai d’abord découvert Welty en lisant Rick Bass, qui en dit le plus grand bien et en parle de façon très touchante. Je l’ai ensuite découverte en voyant ses photos exposées cet été à Montpellier. Je l’ai enfin découverte dans ma bibliothèque, car j’avais acheté un de ses livres et j’avais totalement oublié… mais je suis bien décidé à lire ses autres titres !
Avec 110 pages, ce Brigand peut intégrer les Bonnes nouvelles de Je lis, Je blogue.
Cette année j'ai réussi à apporter mon lot de bonnes nouvelles :
Je suis ravie. Je fais des découvertes très originales et intéressantes cette année. Déjà ta 6ème proposition de lecture !
RépondreSupprimer6e et dernière, j'avoue tout. Mais j'ai profité du mois pour inventorier ma bibliothèque et repérer plusieurs titres pour l'année prochaine.
Supprimerciel une autrice jamais lue je crois
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