La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 29 juillet 2019

Mais c’est aujourd’hui que le temps passe, demain n’est pas encore passé.

Dino Buzzati, Bàrnabo des montagnes, traduit de l’italien par Michel Breitman, parution originale 1933, édité en France par Robert Laffont.

Dans une montagne, près de la frontière, une mystérieuse réserve de poudre est surveillée par des gardes forestiers. Mais une année, le chef est trouvé mort, assassiné par les bandits. Et ensuite… les incidents se multiplient. Les hommes chargés de veiller sur la poudre, la forêt et la montagne tentent d’explorer les environs, mais les voleurs s’évanouissent. Bàrnabo est l’un de ces gardes, désirant venger le vieux Del Colle, mais un peu trouillard à l’idée d’escalader la montagne, un peu peureux à l’idée de rencontrer les assassins…

Les autres viennent de plus loin, ils ont connu les routes de la plaine. Mais ils oublié désormais ces sentes infinies, poussiéreuses, brûlées par le soleil. Là-bas, il n’y avait ni ombre ni vent et rares étaient les fontaines. Il fallait sans cesse marcher tout droit… Pas loin d’ici se trouve une forêt ombreuse, encore un petit effort. Les pieds sont comme du plomb, courage ! nous voici arrivés.

Un nouveau roman qui prend place parmi les chères forêts alpines de Buzzati, encore une fois dans un contexte militaire. Les hommes y montent la garde, seuls dans la nuit, face à leurs pensées, écoutant les bruits bizarres de la forêt. Ils y affrontent aussi des consignes inflexibles et volontiers absurdes. Ils ont tout le temps pour être plongés en eux-mêmes, dans leurs angoisses, leurs désirs, leurs attentes, leurs craintes, isolés vis-à-vis d’une communauté à laquelle, pourtant, ils appartiennent. C’est toute la condition humaine qui est là.
Chez Buzzati, l’ennemi est toujours inconnu ou invisible. Quand il se révèle, son visage est inoffensif. Ou il s’agit de l’ami ou de soi-même. C’est finalement en alignant les petits instants de vie, les jours et les années que chacun mène son combat et sa vie.

À certaines heures de la journée, un brusque rayon de soleil vient en faire scintiller l’acier. Et peu à peu la poussière recouvre tout ; on ne s’en aperçoit guère d’un jour à l’autre, mais au bout de quelques semaines elle s’est introduite partout. Elle est sur les vieux bouquins, sur les meubles et les corniches, et même à l’intérieur de l’horloge à quatre cadrans qui se trouve tout en haut du clocher de San Nicola.
Quand tu attends toute la nuit et que tu t'endors avant l'aube :
G. Bellini, Détail du Christ au jardin des Oliviers, 1465,  Londres NG

Une étape parmi mes lectures d’été.

Buzzati sur le blog :
Le K : le recueil de nouvelles bien connu.
Montagnes de verre : des articles sur la montagne, sur l'alpinisme et l'escalade. Très très bien.
L'Image de pierre : un petit roman
Le Désert des Tartares : le chef d'oeuvre
La fameuse invasion de la Sicile par les ours : c'est pour les enfants !
Un amour : un roman triste
Sur le Giro 1949 : indispensable ! Une magnifique épopée. E tout se joue encore dans les Alpes.
Le Régiment part à l'aube : Oui, c'est aussi indispensable.


6 commentaires:

miriam a dit…

Merci pour la liste des oeuvres de Buzzati en dehors du K et du Désert des Tartares je n'ai rien lu

nathalie a dit…

Je ne suis pas trop fan du K mais je suis plus enthousiaste pour plusieurs romans !

keisha a dit…

Depuis ma relecture de Désert (chef d'oeuvre, oui) je sais que je dois continuer avec l'auteur

nathalie a dit…

L'avantage est que j'ai préparé une petite sélection pour te guider ! Il me reste un truc à lire.

eeguab a dit…

Merci pour Dino, l'homme qui a le plus influencé ma vie de lecteur, ma vie tout court.

nathalie a dit…

Oh vraiment ? Un auteur méconnu je trouve alors que ces oeuvres ont une poésie si particulière et si simple.