La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 18 novembre 2019

Dans ce nid si tiède, personne ne fait de bruit.

Maria Borrély, La Tempête apaisée, roman posthume (1963), éditions Parole.

Un huis-clos dans une ferme.
Il y a l’homme et la femme, les jumeaux, la servante et le valet, et le beau-père. Autant de rivalités, haine, amour, jalousie, coups de sang. Une nuit de tempête, l’homme revient blessé. On lui a tiré dessus. La vie continue son cours et pourtant, peu à peu, de petits signes, pas forcément compréhensibles pour un étranger (= le lecteur), racontent ce qu’il s’est passé.

Ce pouvait être minuit. Le profond silence de la maison des bois.
En son étroite couchette, Francine ne dort, éveillée par elle ne sait quoi.
Soudain, dans les ténèbres épaisses, elle croit entendre, elle entend un léger bruit… Elle prête une oreille étonnée, inquiète, s’accoude sur son oreiller… d’un bond, la voici hors du lit.

Le monde de la campagne est ici merveilleusement rendu, avec humanité et finesse. Toute sa place est faite aux relations humaines, aux rêves, aux impressions dues au vent, à la pluie et au paysage. Des tournures de phrase particulières forment comme autant d’échos littéraires à des formules paysannes.
C’est aussi un monde très vivant. Les murs, la porte, le chat, le vent, le poêle, le sol, tout semble doué d’une vie propre, sans forcément toujours rassurer ces petits êtres humains avec leurs craintes et leurs colères. C’est une plongée dans un monde âpre, aux passions sincères et violentes, chez des gens simples, pour qui tout se passe à la ferme.

Autour de la maison, effrénés, galopent les fous du vent. Ils accourent et s’enfuient, ricanent, reviennent en glapissant avec des éclats de rire infernaux, fondus en la sourdine des orgues de feu !

E. Cornet, Le berger de la Barasse, 1913, Marseille archives municipales.
Malgré la plume de Borrély, le lecteur reste quelquefois à l’écart, peinant à pleinement comprendre les différents liens entre les personnes et la portée réelle de tel ou tel mot. Il y a ici beaucoup de poésie !
Un beau roman.

On enfonce dans le petit jour.
En cette heure matinale, Sérénus, le chat sur la cuisse, contre le poêle, et dans le brave désordre du ménage, contemple la bûche échevelée qui râle.
Sur la vitre blafarde, l’aube croît.

Borrély sur le blog.
Le dernier feu (mon préféré, à lire !)
Les Mains vides

P. S. Je n’ai pas pu rédiger le billet immédiatement après ma lecture et mon billet s’en ressent un peu. Il manque de concret. J'en suis désolée !

Merci à VendrediLecture et à Parole pour la lecture !




4 commentaires:

Dominique a dit…

je vais relire les billets et faire mon choix pour faire connaissance avec l'auteur

nathalie a dit…

Je pense que (j'espère que) elle te plaira !

ellettres a dit…

Ton billet m'intrigue, les citations sont prenantes, je note ! Le dernier feu pour commencer ?

nathalie a dit…

C'est mon préféré et j'ai deux amies qui l'ont beaucoup aimé, donc je dirais OUI.