Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839.
Tout commence quand les armées de Napoléon débarquent à Milan et chassent les Autrichiens. Une partie de la population les accueillent avec enthousiasme. Un enthousiasme suffisant pour que naisse Fabrice del Dongo, notre héros. Un jeune homme naïf, charmant et plein d’énergie romanesque. Il y a le célébrissime épisode de Waterloo où il n’a de cesse de se demander s’il avait ou non pris part à une « vraie bataille ». Son retour en Italie et sa vie à Parme, auprès de sa tante, la somptueuse Sanseverina, la femme la plus belle et la plus spirituelle de son temps, sans doute la plus adorante de Fabrice. Plongée dans la realpolitik de Parme auprès du comte Mosca, entre tyrannie et vie de cour de pacotille. Et puis, Fabrice est emprisonné pour un prétexte et il découvre… Clélia. Ahhhh l’amour.
Fabrice oubliait complètement d’être malheureux.
Tentant de résumer ce roman, je me rends compte qu’il est en effet totalement décousu et que c’est peut-être là où réside sa réussite. Un roman politique qui raconte la bassesse de la vie de cour et les intrigues d’État. Un roman d’aventure, où il est question de fuite, d’évasion, d’emprisonnement. Un grand roman d’amour, car Clélia n’est pas une froide héroïne et elle cèdera à toutes les folies de son Fabrice. Avec le récit de Waterloo où on ne comprend rien, les atermoiements du cœur, les joutes verbales et l’humour délicieux de Stendhal. Cela ne ressemble à rien d’autre et c’est un chef d’œuvre.
« Ai-je réellement assisté à une bataille ? » Il lui semblait que oui, et il eût été au comble du bonheur, s’il en eût été certain.
À mots couverts il est question de choses graves, d’un inceste que l’on ne s’avoue pas, d’un homme qui extorque à une femme la promesse de coucher avec lui, d’un tyrannicide. Un héros égoïste et léger, charmant et sensible, inconséquent, mais qui découvre les plus grands moments de bonheur quand il est enfermé et qu’il observe la vie des autres sans être vu. L’infini lui semble alors à portée de main. D’ailleurs, le récit de la vie en prison est plein d’invention presque enfantine : ruses, langages secrets, cordes, signes, bricolages, cachettes… et Fabrice qui s’inquiète de savoir s’il est un héros avant de se poser « la » grande question de l’amour.
Raphaël, Portrait de jeune femme, vers 1515, Strasbourg BA. Un détail pour qu'elle conserve son mystère. |
Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment. Toutefois la peur ne venait chez lui qu’en seconde ligne ; il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal aux oreilles.
L’Italie est un pays chevaleresque où les passions sont réelles ; c’est bien sûr le pays d’Angelo. Ce roman a été rédigé en 52 jours. Son écriture est rapide et pleine d’énergie. Il est impossible d’en parler, mais lisez-le, relisez-le.
N'empêche que mon précédent billet n'est pas si mauvais.
S’il te vient une raison brillante, une réplique victorieuse qui change le cours de la conversation, ne cède point à la tentation de briller, garde le silence ; les gens fins verront ton esprit dans tes yeux. Il sera temps d’avoir de l’esprit quand tu seras évêque.
Merci à Calvino (Pourquoi lire les classiques) et à Meurisse (La Légèreté) de m’avoir donnée envie de rererelire ce grand roman.
To the happy few.
Au grands maux, les grands remèdes. J'ai décidé d'attaquer 2021 avec Stendhal pour mettre toutes les chances de mon côté.
P. S. Entre Noël et le premier de l'an, mon blog a fêté ses 10 ans. Sans me prévenir bien sûr. J'avais totalement oublié et je ne comprends pas comment le temps peut s'accumuler ainsi et paf ! 10 ans. Je suis la première éberluée. En tout cas, 10 ans de bonheur et j'espère continuer longtemps ainsi. Et merci beaucoup aux lecteurs et aux quelques commentateurs de ce blog, indispensables pour avoir la sensation de s'adresser à un cercle d'amis un peu lointains.
Tu es plus emballée par la relecture (j'ai vu ton billet précédent). Tu sais, un jour je relirai La chartreuse de parme (oui, un jour)
RépondreSupprimerOui je l'ai encore plus apprécié. C'est un roman déroutant, avec des personnages pas forcément sympathiques et des intrigues politiques qui m'échappent totalement. Là j'ai un peu foncé dedans et c'était un plaisir.
SupprimerBon anniversaire alors !!! il y a de moins en moins de blogs qui durent donc c'est précieux de te voir toujours aux commandes
RépondreSupprimerQuand j'ai relu le Rouge et le noir je me suis promis de relire la Chartreuse mais je n'ai pas encore sauté le pas, il y a en effet pire que de lire Stendhal pour commencer l'année :-))))
Merci !
SupprimerJe crois que c'est important de commencer en bonne compagnie.
Bon anniversaire Mr. Blog !
RépondreSupprimerJe crois que je serais incapable de faire un billet sur ce livre.
Syl.
AH ah ! J'avoue, dès que l'on commence à le résumer, on se rend compte que c'est la cata ! Tout est dans le ton.
SupprimerAh j'avais zappé la fin : bon anniv au blog, à force on ne le fête plus (c'est un peu mon cas, bientôt 13 ans...)
RépondreSupprimerJe ne l’ai pas vraiment fêté parce que j’ai totalement oublié. Dans ma tête mon blog a 7 ou 8 ans, pas plus.
Supprimerbon blog'anniv! Et bonnes lectures cette année!
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerA lire et relire Stendhal!
RépondreSupprimerBon anniversaire à ton blog! Si j'additionnais les 3 blogs successifs j'arriverais à 16 ans...mais je ne compte pas
Je vais t'appeler Grand tata alors.
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