Une série sur l’art du XVIIIe siècle français.
Aujourd’hui, le peintre Jean Ranc (né à Montpellier 1674 et mort à Madrid 1735).
Fils d’un peintre de Montpellier, il fut l’élève et le gendre de Hyacinthe Rigaud, grand portraitiste par excellence. C’est de Rigaud que vient la touche baroque de plusieurs peintres du XVIIIe siècle. Rigaud qui avait un sens de la couleur inégalé.
Donc, tout d'abord, quelques tableaux de Rigaud (il n'y a pas que le portrait de Louis XIV).
Rigaud, Études de mains (1715 musée Fabre). Fascinant n'est-il pas ? Ici plusieurs études de mains, dans diverses positions, prêtes à réutiliser par le maître ou par ses élèves dans d'autres compositions, moyennant quelques adaptations.
Rigaud, Portrait de Gaspard Rigaud (1691, Perpignan Musée Rigaud). Un dandy ! Regardez-moi ce jaune ! Et même un jaune et un doré (ça c'est chic, le manteau d'un noir profond qui souligne la blancheur du teint et la doublure dorée qui renvoie la lumière et qui est riche, riche).
Revenons à Jean Ranc. Il débute sa carrière en France et à Paris, où il peint la belle société.
Ranc, Portrait d'homme en cuirasse (1700 coll. privée). Qui est ce beau militaire ? La cuirasse est rutilante. L'or, le bleu roi, le rouge (notez les reflets de lumière sur le velours : en blanc), ça claque !
Ranc, Portrait de Nicolas Van Plattenberg dit Platte-Montagne (1703 Versailles). Ce digne monsieur a de belles mains bien fines et bien mises en valeur par le poignet de dentelles. Les grandes vagues du manteau rouge donne de l'ampleur à sa silhouette et fait ressortir le camaïeu de bruns.
Ranc, Portrait de Mme Dupuy (1700 Musée Fabre). Ce sont les mêmes couleurs. Les tons sombres font sérieux (hem - souligne la dignité) et mettent en valeur la pâleur du teint et la blancheur de la dentelle. En tout cas, le visage de cette dame est à la fois réaliste (les rides, le menton, l'affaissement de la peau autour des yeux) et un peu idéalisé avec ce teint uni, cette gorge lisse et ce regard bien droit.
Ranc, Portrait de Jeanne Catillon (1706 coll. privée). J'aime beaucoup le luxe et la délicatesse de ce corsage (parce que le satiné de la peau me semble trop lisse). Mais le peintre a très bien rendu les mystères de ces profondeurs qui se dévoilent et se cachent sous la dentelle !
Les Bourbons d’Espagne déploraient que leur cour ne possédât point de portraitiste satisfaisant. Ils auraient voulu qu’on leur envoie le meilleur du meilleur, mais ce fut finalement Ranc, élève de Rigaud, qui leur fut adressé. Ranc est donc l’auteur des portraits d’une bonne partie de la famille royale espagnole et de l’élite espagnole. Les tableaux sont à Madrid.
Ranc, Portrait de Philippe V roi d'Espagne (1723 Prado), DÉTAIL. Oui, parce que tous ces tableaux espagnols, apparemment je n'ai photographié que ce garde à cheval, à l'arrière-plan de son souverain dont on aperçoit un bout de bras... Écoutez... C'est un très beau cheval gris et j'aime bien la silhouette au tricorne du cavalier, le visage ensoleillé, devant un arc-en-ciel.
Chic pour les 'nouvelles du front' (on se croirait en peine campagne)
RépondreSupprimerEncore une fois tu réussis à m’enthousiasmer!A l'époque, dans un certain milieu pas pauvre, on se vêtait sans craindre les couleurs.
Je pense avoir épuisé toutes les possibilités de la langue française en matière de jeu de mot à base de front, mais tu peux participer.
SupprimerLe peuple était en maronnasse mais oui, les riches envoyaient les couleurs.
Je vois que tu as beaucoup à dire sur les mains, la peau, les textiles, la lumière... mais quid des cheveux et perruques?
RépondreSupprimerJe n’ai pas grand chose d’intelligent à dire sur le sujet en effet. On voit d’impressionnantes perruques pour les messieurs (et c’est un signe de richesse comme un autre) et les dames semblent avoir les cheveux poudrés, avec des postiches pour les bouclettes. Je ne sais pas quoi raconter de plus, désolée.
Supprimerj'adore tes séries autour des peintres, merci!
RépondreSupprimerTant mieux si cela vous plaît !
Supprimer