La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 30 juin 2022

Nous vivons au fond d’une cuvette : le jour s’écoule, le soir se pose.

 Jón Kalman Stefánsson, Entre ciel et terre, traduit de l’islandais par Éric Boury, publication originale 2007, édité en France par Gallimard.

 

C’est l’histoire d’un homme qui se plonge dans un poème au point d’oublier sa vareuse et de mourir de froid (à lire en pleine canicule).


Il est sain pour un être humain de se tenir, seul, au creux de la nuit, il s’unit alors au silence et ressent comme une connivence pourtant susceptible de se changer instantanément en une douloureuse solitude.


Pas tout à fait. Le personnage principal est en réalité le gamin. Il n’est jamais nommé. Il est jeune, mais pas tant que ça. On est en Islande, au début du siècle, parmi les pêcheurs de morue. Il fait froid, très froid. Et si on oublie sa vareuse, on meurt. C’est l’histoire du gamin, de son amitié pour Bárđur, de son chagrin après sa mort, de son apprentissage de la vie – la vie, c’est oublier les morts et continuer tout seul.


Eh bien, annonce Helga.

Eh bien est, à n’en pas douter, le plus important des mots de l’islandais, il a le pouvoir de créer instantanément un lien entre deux personnes inconnues.


La première partie se tient parmi le groupe de pêcheurs, des hommes à longue barbe, virils et taiseux, qui tiennent les livres pour quantité négligeable. La seconde est au Village. Il y a davantage de femmes et des hommes qui boivent de la bière ou du café pour attendre et oublier. Tout cela compose toute une société.

La langue est magnifique, portée par la musique lointaine du Paradis perdu de Milton qu’affectionnait Bárđur. Nous sommes dans un monde hors du temps, le Village n’est pas nommé, on est au bout du monde et tout semble si irréel.

La vie n’a aucun sens. On y apprend bien assez tôt les déceptions et les désillusions, la perte et l’oubli, mais on continue à avancer, à la recherche d’une lumière réconfortante. Chacun porte sa solitude, ses angoisses, ses peurs, sans parvenir à les exprimer. Ils sont bien seuls ces personnages de roman.

 

Edelfelt, Le Convoi d'un enfant, Finlande, 1879, Helsinki Ateneum
C’était en ces années où, probablement, nous étions encore vivants. Mois de mars, un monde blanc de neige, toutefois pas entièrement. Ici la blancheur n’est jamais absolue, peu importe combien les flocons se déversent, que le froid et le gel collent le ciel à la mer et que le frimas s’infiltre au plus profond du cœur où les rêves élisent domicile, jamais le blanc ne remporte la victoire.

 

C’est encore une relecture. Le premier billet contient une belle citation sur le café et le sucre candi ! Mais cette fois mon ambition est de lire la trilogie complète - j'ai acheté le deuxième volume.

Il y a beaucoup de billets sur plein de blogs. Celui de Miriam est un des plus récents.


L'auteur sur le blog :


6 commentaires:

keisha a dit…

Je n'ai jamais lu cet auteur, mais ce n'est pas faute d'n avoir entendu parler. Tu conseilles lequel pour commencer? (en fait j'ai peur de m'ennuyer ^_^)

Dominique a dit…

Sans doute un de mes écrivains préférés sur les dernières années et cette trilogie est splendide, ce premier tome m'avait littéralement emportée, la symbiose entre une vie plus que dure, un amour des livres et cette aventure c'est parfait je te souhaite une bonne lecture pour la suite

nathalie a dit…

Il y a celui-ci, mais sinon dans un autre style j'aime beaucoup Asta (j'ai ajouté le lien dans le billet).

nathalie a dit…

Merci. J'ai lu plusieurs de ses romans récents et donc je suis motivée pour me replonger dans l'oeuvre qui l'a fait connaître !

Anonyme a dit…

J ai adoré mais j aiblu la trilogie dans le désordre je devrais peut être relire le dans l ordre

Nathalie a dit…

Ah en effet. Je vais faire en sorte de lire la suite dans pas trop longtemps.