La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 1 octobre 2022

Voyage en pays Huron-Wendat

 Billets souvenirs d’un voyage au Québec.


Cette semaine, voyage en pays Huron ou plus exactement Wendat.

Précision de vocabulaire : les Wendats sont surnommés Hurons par les Français à cause de leur coiffure qui ressemblait à une hure de sanglier (c’était pas très sympa). Aujourd'hui, les deux noms sont souvent accolés.

Le groupe Wendat, originaire de l’Ontario, s’installe à proximité de Québec à la fin du XVIIe siècle fuyant à la fois les épidémies et la guerre (les attaques des Iroquois puisqu’on est avant la Paix de 1701). Le pouvoir royal leur confie la seigneurie de Sillery (aujourd’hui la commune de Wendake). S’ensuivent différentes décisions françaises et anglaises, sans consulter les autochtones évidemment, et à la fin du XVIIIe siècle les Wendats se rendent compte que le pouvoir britannique est en train de faire main basse sur la seigneurie de Sillery. Ils entament donc des démarches pour récupérer leur bien (pétitions aux gouverneurs, adresses et courriers, etc.).

À gauche, la maison du chef Nicolas-Vincent. À droite l'église Notre-Dame-de-Lorette de Wendake.


C’est dans ce contexte qu’apparaît un brillant chef Huron-Wendat, Nicolas-Vincent Tsawenhohi (1769-1844), éminent diplomate, maîtrisant 4 langues. Il prend la parole devant l’Assemblée du Bas-Canada et obtient même en 1825 une audience à Windsor devant le roi George IV. Quel voyage ! Évidemment, ça ne sert à rien du tout (le roi distribue des médailles et des paroles de bon père de famille) et les Wendats se battent toujours aujourd’hui pour récupérer leur seigneurie. Ce chef devait être doté de sacrées qualités d’orateur pour être parvenu si loin et pour que les autorités britanniques ne puissent pas s’en dépêtrer.

Cette lithographie de Charles Hullmandel d’après la peinture d’Edward Chatfield représente le chef Nicolas-Vincent devant le roi George IV brandissant un wampum qui lui sert à rappeler les termes des précédents traités, selon ce que je vous ai expliqué dans le précédent article.

 

J’ai donc visité l’hôtel-musée Premières Nations à Wendake.

J’étais un peu méfiante à cause du côté commercial de la chose (il y a un hôtel et un restaurant), mais la visite est finalement très intéressante. Une maison longue traditionnelle est reconstituée avec sa haute palissade, l’entrée invisible pour se protéger, ses parois en écorce de cèdre pour plusieurs familles : les couchages, le stockage, les feux de camp. Il y a aussi un séchoir et un fumoir (mais je les ai loupés).

Il y a aussi un musée à l’exposition très intéressante (mais on peut pas faire de photos, c’est vraiment dommage).

Et on peut y aller en bus (un des bus express verts et à Sainte-Foy on prend le 70 ou le 72).

 



J’ai complété le jour même avec une visite du musée de la Civilisation à Québec. Si le nom du musée me laisse sceptique, sa visite est très passionnante. Il propose une exposition sur l’histoire et l’identité de/du Québec et une exposition Nous, les Premières Nations.


Les raquettes permettent d'explorer le territoire en hiver. Le modèle varie selon la nation, l'activité et le type de neige.

À gauche, un étui à cigare Huron-Wendat fabriqué à Wendake au 19e siècle, écorce de bouleau et crin d'orignal. À droite des appliques en perles de verre et coton (Wolastoqiyik, 1860).

Ceintures de Wampun, Huron-Wendat, peau et coquillage.

À gauche porte-bébé de la nation Kanien'kehà-:ka datant du 19e siècle (bois, peinture, peau). À droite une boîte Mi'gmaq du 19e siècle (racine d'épinette, frêne, écorce de bouleau et piquants de porc-épic).
Les Mi'maq vivaient le long de la côte Atlantique (notamment en Gaspésie), une région où les touristes (de Montréal ou des USA) se rendaient dès le 19e siècle. Dès cette époque ils fabriquent donc des objets artisanaux destinés spécifiquement pour ce marché. Ces boîtes en piquants de porc-épic, avec des teintures végétales, sont de toute beauté.

C'est un très beau musée où on passe facilement plusieurs heures !

Sur un sujet assez proche, une lecture pas facile, mais instructive : Payer la terre de Joe Sacco.

Un voyage au Québec 2022 : la ville de Québec ; 1701 : la Paix de Montréal.
La semaine prochaine, nous commencerons à voyager le long du Saint-Laurent.

P. S. Je n'ai pas oublié la lecture commune autour de Tokarczuk, mais mon billet paraîtra mardi.




9 commentaires:

Dominique a dit…

une histoire lourde mais qui est maintenant mise à jour et c'est bien

eimelle a dit…

ce sont deux visites qui doivent bien se compléter!

nathalie a dit…

Oui la lumière est faite sur cette histoire. Mais il y a de ces horreurs (je pense à la découverte des charniers d'enfants près des pensionnats en BC).

nathalie a dit…

Oui, mais c'était peut-être ambitieux de faire les 2 dans la journée, j'ai dû louper certains trucs.

claudialucia a dit…

j'ai fait un voyage au Québec et visité la ville de Québec, entre autres ! Un beau souvenir !

nathalie a dit…

C'est une ville très agréable à visiter.

keisha a dit…

Magnifiques photos. Il me semble que le l ivre de Sacco évoque surtout l'ouest du Canada?

nathalie a dit…

Oui, j'ai mis Nord-Ouest dans mon billet, je me demande si ce n'est pas en Saskatchewan. Je ne sais plus.

Passage à l'Est! a dit…

Finalement tu auras le plaisir d'être accompagnée par moi demain pour la LC Tokarczuk, les billets de nos deux autres lectrices suivront en fin de semaine et en fin de mois respectivement!