Vierge à l'enfant, la suite

 Série iconographique sur l’enfance de Jésus. Second épisode sur la Vierge à l’enfant, aujourd’hui, on ajoute des personnages.

Anonyme florentin, Vierge à l'enfant et deux anges adorateurs (15e siècle HB Rouen BA). Bon, ce tableau n'est pas extraordinaire, mais son iconographie est fréquente : la Vierge à l'enfant entourée de deux anges, ici en prière. Une variante des scènes d'adoration. Là encore, la composition est très proche des tableaux représentant la Pietà entourée d'anges.

Atelier de Ghirlandaio, La Vierge adorant l'enfant avec deux anges (1490, tempera sur bois Fondation Cini). Vous rappelez-vous du tableau de Ghierlandaio de la semaine dernière ? La Vierge est ici d'un type très semblable, très jeune, avec le visage rond, et le vêtement est presque identique. Le centre du tableau est constitué par ses mains jointes en prière : c'est qu'elle ne tient pas l'enfant. Jésus est soutenu par un des deux anges. Notez le grand pan de tissu à l'arrière-plan qui évoque un dais ou le dossier d'un trône et qui magnifie la scène, la rendant plus solennelle. Là encore, j'aime beaucoup les visages de Marie et des anges, très jeunes, idéalisés.

Mathias Grünewald, Retable d'Issenheim, Le Concert d'anges (Colmar Unterlinden). Nous voici loin de l'Italie. À droite, Marie et Jésus se tiennent dans un paysage paisible : c'est un jardin clos et il y a un lit à proximité. Jésus figure comme un petit bébé dans ses linges, très réaliste, même si les couleurs laissent suggérer un contexte surnaturel. Et à gauche ? Le concert céleste ! Dans un baldaquin qui a tout du gothique tardif, les anges jouent. On aperçoit Marie agenouillée en figure de l'Immaculée conception (alors que le volet de droite est très terrestre). C'est un baquet très réaliste qui fait la transition entre les deux mondes.

Et les couleurs toujours hallucinantes et hallucinées de Grünewald.

Pour répondre à Keisha, j'ajoute ce détail (vous pouvez cliquer sur la photo). On voit bien le petit pavillon gothique, avec tous ses motifs ornementaux, personnages et végétation. Les anges et celui de gauche a l'air sorti tout droit d'Arcimboldo. Et des petites créatures bizarres qui accompagnent les anges. On dirait autant des fées que des anges. Et l'Immaculée Conception à droite.

J'en arrive aux tableaux où Jean-Baptiste est présent aux côtés de Jésus et sa mère. Rappelons que Jean-Baptiste est le cousin de Jésus, mais aussi une sorte d'aîné puisqu'il le baptise. Ceci dit, l'écart d'âge entre les deux est d'ampleur variable selon les tableaux, car le monde de peinture échappe évidemment à la chronologie.

Ce très joli tableau de Filippino Lippi (1480, Londres NG) montre ainsi Jean-Baptiste déjà âgé de quelques années : longues boucles folles, manteau rouge recouvrant une peau de bête et croix de roseau. C'est un tableau plein de douceur et j'aime bien le grand cercle que forme le manteau de la Vierge.

Palma il Vecchio (début XVIe, Gênes Musei di Strada nuova). Savez-vous comment on appelle ces tableaux où la Vierge à l'enfant est encadrée par des saints ou des donateurs ? Une conversation sacrée, sacra conversazione. Ici en présence de Jean-Baptiste adulte (et portant les écritures, un rouleau de l'Ancien testament) et de Marie-Madeleine, reconnaissable à son pot d'onguent. Le tout dans un paysage aux tons très harmonieux. Et ce bébé aux cheveux bouclé est bien mignon.

C'est tout pour aujourd'hui. Toutefois, il reste encore plusieurs Vierge à l'enfant dans mon ordinateur, mais je vous les montrerai dans quelques semaines.

Les semaines précédentes : le début de la série ; Adoration des bergers ; Adoration des mages ; Vierge à l'enfant.

La semaine prochaine : je reprends le récit là où il était resté interrompu.