Série « Petite Passion ». Nous nous situons après la Cène, au moment de l’arrestation et de la condamnation de Jésus, ainsi qu’au début de son martyre. Aujourd’hui, différents moments.
Jésus au jardin des Oliviers
Il s’agit de ce moment de solitude, dans la nuit de jeudi à vendredi. En 2020 je vous avais montré les magnifiques peintures de Bellini et de Mantegna. Nous retrouvons Mantegna cette année.
Mantegna, La Prière au jardin des Oliviers (XVe siècle, musée de Tours). Les amis se sont endormis et Jésus reste seul à prier, dialoguant avec l'ange au-dessus de sa tête. Le décor est très minéral, sorte de rocher planté d'arbres. À l'arrière-plan, venant depuis Jérusalem (on reconnaît bien le bâtiment rond du Saint-Sépulchre, déjà présent) s'avancent Judas et une troupe de soldats. Les couleurs sont très belles, à la fois intenses et dans un camaïeu de gris et de bruns. L'un des apôtres semble se fondre dans le sol.
L’arrestation
Le moment allie le baiser de Judas et la saisie par les soldats. En 2020 je vous avais montré une peinture de Vic et une autre de Matthias Stom.
Passons à l'heure espagnole.
L'Arrestation du Christ par Goya (1798, sacristie de la cathédrale de Tolède). Un tableau qui baigne dans un doux clair-obscur (qui n'est pas sans faire penser à La Ronde de nuit). La lumière de la lanterne éclaire Jésus, aux yeux fermés, immobile dans sa tunique rose. Il se tient au milieu des curieux. La silhouette de Judas se dessine à contrejour, le désignant à un soldat. L'ensemble baigne dans une atmosphère assez douce, un peu théâtrale.
En 2020, j’avais ajouté également un très beau Reniement de Saint Pierre de Saraceni, mais ce sujet ne sera pas repris cette année.
Vient ensuite la flagellation.
En 2020 je vous avais montré l’extraordinaire tableau de Liberale da Verone du musée d’Avignon, d’une puissance saisissante, mais également un tableau de l’atelier de Schongauer et un vitrail (les trois sont du XVe siècle) et un portail de la Sagrada familia.
Luca Signorelli, La Flagellation (1482 tempera, Brera). Un tableau dont on se demande si le sujet en est la flagellation ou de beaux corps masculins nus à l'antique. Le corps de Jésus est encore intact (et fait penser à celui de Saint-Sébastien). Les bourreaux, presque nus, ont des déhanchés... euh... propices à la contemplation. Le décor est entièrement à l'antique : fausse frise peinte en bas, panneaux à l'arrière-plan, colonne d'ordre corinthien. Le tout sous le regard de Ponce Pilate assis en haut à gauche et d'un prêtre juif à l'extrême droite.
La peinture est originellement un étendard de procession (je m'interroge) (mais c'est peut-être ce qui explique le choix des couleurs ?). Au verso se tient une figure de Madonne.
Caravage, Flagellation du Christ à la colonne (1607, Rouen BA). Ce tableau est un chef d'oeuvre. Sur le fond noir se détachent la colonne et les trois figures de Jésus et des bourreaux. Les deux hommes sont en train d'attacher Jésus, juste avant de le fouetter, ce qui explique les torsions et positions des corps. La lumière froide tombe d'un soupirail, en dehors de la toile.
Si le corps de Jésus est un splendide nu athlétique à l'antique, la tête des bourreaux est traitée de façon plus rude et naturaliste. Personne ne se regarde. L'oeuvre est très silencieuse, chacun pris dans son propre destin.
Et le moment de l’Ecce homo.
"Voici l’homme", nous dit Pilate.
En 2020, je m’étais offert le plaisir de vous montrer la fabuleuse peinture de Tintoret, mais également un Caravage et un beau tableau de Luis Morales.
Antonello da Messina, Ecce Homo (Gênes Palazzo Spinola). D'abord une composition classique, face à face à émouvant avec Jésus, la corde au cou. Les craquelures de la peinture coïncident avec les possibles blessures de son corps. Une oeuvre très sobre, deux couleurs, mais poignante.
Oui, en 2020, tout cela avait constitué trois billets. Le volume a un peu réduit cette année. Mais la semaine prochaine il sera temps d'entamer le chemin de croix et de rejoindre le calvaire.
Même en vacances, je ne résiste pas. C'est trop beau. Ce Caravage est extraordinaire, je ne connaissais pas du tout.
RépondreSupprimerQuant aux Mantegna, je ne les rate pas , à Tours.
@Keisha : m'enfin profite des montagnes du Monténégro !
RépondreSupprimerMais oui le Caravage de Rouen est une splendeur.
Et celui du musée d'Avignon, aussi ! Un peu de chauvinisme ne fait pas de mal ! J'aime la composition étroite et serrée du maître de 1518 qui donne une impression d'emprisonnement pour souligner que Jésus ne peut échapper à son destin. Le visage de Jésus n'est pas conformiste, il est très jeune, sans défense, désemparé.
RépondreSupprimer@CLaudia : oui ce tableau nordique est très bien composé, avec une impression d'étouffement. Jésus va être broyé. C'est vrai qu'il a l'air tout gamin.
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