Petit récit de la Passion en images.
La semaine dernière, je vous racontais la mise au tombeau de Jésus. Nous savons bien qu’il y reste seulement trois jours, avant d’en sortir triomphalement. C’est la Résurrection et c’est le sujet du jour.
En 2020 j’avais aussi commis un billet sur la descente aux limbes (avec une explication sur cette notion), parce que pendant ces trois jours, Jésus n’est pas resté à se tourner les pouces (il a défoncé des portes à coups de pied).
Et ensuite je vous avais montré une petite ivoire, la peinture en technicolor de Grünewald et une très étonnante peinture de 1920.
Cette année, je dévie un peu du sujet initial.
Commençons par clamer la bonne nouvelle au monde : Jésus est ressuscité ! C'est l'autel principal de la cathédrale de Gand (celle qui héberge le fabuleux retable des frères Van Eyck). La lumière jaillit, les soldats s'enfuient terrorisés et le fidèle est invité à louer le miracle divin.
L'étonnante Résurrection du Christ de Benjamin Gerritsz Cuyp (XVIIe siècle Lille BA) où c'est l'ange, avec ses petits bras musclés (et la force divine) qui soulève le lourd couvercle de pierre. Original. Aux alentours des soldats et des paysans, en prière, en attente, ou épouvantés. L'ensemble baigne dans une lumière toute rembranesque.
J’ai décidé de rapprocher les représentations de la résurrection de Jésus de celles illustrant la résurrection de tous les humains – c’est pas du tout théologiquement correct. Normalement, il est prévu qu’à la fin des temps, Jésus revienne – cette seconde venue sur Terre sera la parousie. Tout le monde ressuscitera et se tiendra devant lui pour être jugé.
Sur la question de la résurrection comme moment individuel ou collectif, bien sûr, Jacques Le Goff, L’Invention du Purgatoire.
Une des représentations les plus célèbres de l'épisode : le vitrail de la Résurrection des morts provenant de la Sainte-Chapelle (1200, visible au musée de Cluny). L'ange souffle dans la trompe et les morts (nus et très bien représentés anatomiquement - mais pas de femmes nues) sortent de leur cercueil. Les couleurs des vitraux médiévaux sont impressionnantes ! Regardez ce bleu, ce bleu ouvragé comme une soierie. Voilà qui signe l'authentique vitrail médiéval.
La même chose, mais en version émail de Limoges (1250, V&A). Un ouvrage de toute beauté, avec ces cercueils aux motifs ouvragés et ce fond fleuri.
Ce n'est pas Michel-Ange mais c'est quelqu'un qui l'a bien étudié : Jugement dernier de Pieter Pourbus (1551, HB Bruges Groeninge). Jésus triomphant, vêtu de rose, entouré des élus comme une cour royale, avec un visage tout à fait bienveillant. Et en-dessous les morts sortent de terre... certains sont hissés à l'étage supérieur par les anges tandis que d'autres sont damnés pour l'éternité.
Les morts sont des morts anatomiquement parfaits, nudité idéale pour l'éternité, mais vous noterez qu'un squelette regarde avec beaucoup de concupiscence les deux gaillards du premier plan...
Le tableau se trouvant à Bruges, nul doute que James Ensor a dû voir cette morte aux désirs bien vivants.
Parce que tout ne se passe pas à Rome ou à Jérusalem... La Résurrection à Cookham de Spencer Stanley (1924 Tate). C'est le Jugement dernier et voici les morts d'un petit village anglais qui sortent de terre ! Le tout dans un style faussement naïf avec ces plaques de gazon fleuri qui se soulèvent comme des couvercles, les gisants et les sculptures qui ont l'air de prendre le soleil et ces familles qui papotent dans le caveau. Allez, il est l'heure...
La semaine prochaine, les aventures de Jésus une fois ressuscité.
On ne se lasse pas de Mantgna.
RépondreSupprimerPas de retable(s) ce samedi, mais des oeuvres étonnantes.
Ah les vitraux. j'aime par dessus tout, ça et les mosaïques et je suis en transe
RépondreSupprimerQuelle gymnastique cérébrale tu nous fais faire, entre les héros à la large poitrine, les albums aux aquarelles colorées et les albâtres anglais!
RépondreSupprimer@Keisha : les peintures de Mantegna sont si impressionnantes !
RépondreSupprimer@Dominique : oui et les vitraux médiévaux ont des couleurs tellement intenses !
@Passage : Je sens que le héros viril t'a beaucoup plu... mais oui j'aime aussi la délicatesse de l'aquarelle.
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