La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 30 mai 2020

La Résurrection

Parcours dans les images conservées dans mon ordinateur… aujourd’hui Jésus ressuscite !

Jésus ayant été arrêté, jugé et condamné, torturé, mis à mort et enterré (et tout cela dans la journée du vendredi), l’histoire devrait normalement s’arrêter là.
Mais deux jours plus tard, le dimanche, les saintes Femmes se rendent au tombeau et constatent que la pierre qui fermait l’ouverture a été roulée de côté et que le sépulcre est vide.
Précision : les Saintes Femmes désignent traditionnellement Marie-Madeleine, Marie Jacobé (mère du disciple Jacques) et Marie-Salomé (mais leurs noms peuvent varier). Je vous rappelle qu’elles sont honorées aux Saintes-Marie-de-la-Mer.
Cette résurrection témoigne de la puissance de Dieu, confirme le statut de Jésus, pleinement homme et pleinement dieu, dieu devenu chair, et annonce la résurrection ultime des êtres humains. Sauf que les disciples de Jésus n’auront confirmation de sa résurrection que lors qu’il apparaîtra à plusieurs reprises. Pour le moment... il leur faut constater que le tombeau est vide et croire que leur ami est ressuscité, mais sans en avoir la preuve.
Dans les beaux-arts, c'est l'inverse : nous avons abondance de représentations de Jésus en train de sortir du tombeau.


Je commence par cette photo d'une plaque d'ivoire (Allemagne, 1350-1400, Cloisters) qui montre plusieurs scènes de la vie de Jésus, dont, au centre : la Résurrection avec Jésus qui enjambe le bord du tombeau et la descente au Limbe avec Jésus qui sort Adam et Ève de la gueule de l'Enfer. Avec ces deux scènes, la victoire sur la mort est totale.

Cette plaque d'ivoire représente Les saintes femmes au sépulcre (Italie, Xe siècle, Cloisters). Vous voyez les gardes profondément endormis en haut, un ange assis devant le tombeau dont la porte est entrouverte et les saintes femmes en bas à droite. C'est une très jolie petite représentation, très délicate. Ici le tombeau n'est ni un sarcophage à l'antique ni une caverne creusée dans la roche, mais déjà l'église du Saint-Sépulcre telle qu'elle sera construite plusieurs siècles plus tard, un édifice circulaire à colonne qui deviendra le symbole même de Jérusalem dans toutes les peintures.

D'ailleurs... un point sur les gardes. Ici vous avez une sculpture du XIVe siècle (musée de l'oeuvre Notre-Dame à Strasbourg) et une peinture de Noël Bellemare (16e siècle, Paris église Saint-Gervais-Saint-Protais). La présence des soldats ajoute beaucoup d'intérêt aux peintures. Nous les voyons soit profondément endormis, inconscients du moment historique qui est en train de passer, soit renversés sur le sol et éblouis. J'ajoute que les armures rutilantes, les armes ornées et exotiques, les couleurs des vêtements constituent un atout indéniable pour des peintres de talent, comme nous le voyons dans le tableau de Bellemare.

Encore une fois, Grünewald est là (toujours le retable d'Issenheim, du musée des Unterlinden). Après avoir montré Jésus pleinement mort comme un homme, ayant souffert l'agonie, le corps mutilé et déformé, voici un Jésus triomphant en Technicolor - ça claque ! Les soldats sont à terre, écrasés par l'événement cosmique, les quatre fers en l'air. Le linceul se déploie comme un voile ou une toge de majesté, le blanc se transforme en rouge et la lumière jaillit !

Certaines résurrections sont pleines d'une joie naïve, façon "coucou me voilà" ou "Yeah trop fort". Étonnamment, c'est le cas de ce petit bas-relief en albâtre peint (XVIe siècle, musée d'art de Gérone). Alors que Jésus dégouline de sang, il surgit tout joyeux du tombeau. Encore une fois, les instruments du martyre (croix et linceul) se transforment en instrument de la victoire !

Une peinture que je trouve très étonnante : Le Christ ressuscité de Bramantino (tempera, Thyssen Bornemisza). Cette peinture date de 1490, mais elle ne déparerait pas parmi des oeuvres de 1920. Jésus, livide, a un corps musclé, à l'antique, mais rigide. C'est presque un marbre (le peintre est influencé par Mantegna). Les lignes en sont raides. Et la juxtaposition des blancs et des rouges produit un effet inquiétant. Le visage de Jésus est grave - c'est un mort-vivant. À l'arrière-plan, on aperçoit une croix. La lune répand une pâle lumière. Cette résurrection est pleine d'inquiétude.

Et voilà, il est vivant ! Il ne reste plus qu'à répandre la bonne nouvelle.

Je vous ai montré des natures mortes (XVIIe et XIXe siècles) en prenant prétexte du Carême. Puis vous avez eu les RameauxLa Cène et le Lavement des pieds. Puis, la nuit au Jardin des Oliviers et l'arrestation du Christ. Le procès de Jésus (flagellation et couronnement d'épines). L'heure du Ecce homo. La montée au Calvaire ou portement de croix. La Crucifixion. La Déposition de Croix. Jésus est mis au tombeau et puis il descend au Limbes.
***
Mon front n'est pas encore ressuscité, mais depuis le début du mois je n'ai plus de pansement sur le front, plus d'infirmière qui passe tous les jours. Mes premières journées sans infirmière ont été sous le signe de la liberté. Oui, malgré le confinement, j'avais l'impression de pouvoir partir en vacances immédiatement. Mon front est donc orné d'une grande cicatrice circulaire très originale - il est donc souvent orné d'un chapeau. Un jour, à l'automne ou en janvier, je retournerai à l'hôpital pour me faire refaire un grand front tout neuf ! D'ici là, je suis facile à reconnaître.

6 commentaires:

  1. (tu as pensé à une frange? ^_^)
    Plus sérieusement, courage à toi!!!
    Et ta série est terminée? L'ascension?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J’ai déjà porté la frange mais je n’aime pas vraiment. En plus il faudrait un rideau de cheveux jusqu’aux sourcils, c’est moyen.
      Et non, ce n’est pas fini. Et non, y a un truc avant l’Ascension !

      Supprimer
  2. je continue à te suivre avec plaisir
    je viens de composer un billet à propos de livres d'art qui peut être t'intéresseront le billet sera pour lundi

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je regarderai ça. J’avoue que j’ai viré pas mal de mes catalogues d’exposition, les musées me manquent.

      Supprimer
  3. Avant l'ascension... Oh mais il y a plein de choses, et plein d'ouvres aussi : Thomas l'incrédule, les pèlerins d'Emmaus.

    RépondreSupprimer

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).